Epaules en balade.

Pour bénéficier de l’après-midi ensoleillée, j’avais pris le parti d’une balade de quartier. Au fur et à mesure de la marche une sensation se présenta en flash dans mon esprit. Mes mains n’occupaient pas le fond de mes poches, au contraire, elles étaient comme suspendues au milieu de leur refuge. Un mouvement de rétention venait des épaules les tirant vers le haut. La prise de conscience était nette ce n’était pas un savoir mais une sensation.

Le quotidien reprend ses droits, mon rendez-vous chez le médecin est fixé. Une douleur dans l’épaule m’y ramène.

Sa méthode d’analyse du problème semble efficace, il met sous tension chaque tendon, chaque muscle du bras dont il semble connaître les emplacements. Il se positionne à mon côté, sert d’appui pour les mouvements de traction, de compression vers l’avant, vers l’arrière, sur la gauche, vers la droite. Aucune douleur n’apparaît, fulgurante. Je semble en bon état. Serait-ce dans à ma tête que tout se passe.

Pourtant, je ne sais plus m’endormir sur mon côté gauche, l’épaule devient rapidement douloureuse. Lors de certains mouvements quand je lève le bras pour prendre un objet dans l’armoire, l’extension provoque un aiguillon douloureux clair et net. Et détail supplémentaire, je ne sais pas atteindre mon omoplate en rétro mouvement lors de mon bain, quelque chose me bloque et me fait mal.

Les tests terminés, l’homéopathe passe à une séance de démonstration avec un bras de squelette attaché à une épaule, qu’il prend derrière son armoire. Il me montre la géographie de l’articulation, le mouvement où pourrait se situer, à son avis, la cause du mal qu’il définit d’un nom barbare. Il y a eu sans doute une blessure qui se révèle à chaque mouvement un peu extrême. Un sens se fait, s’ajoute à ma prise de conscience à propos de mes mains rangées dans les poches de ma veste.

Une attitude de repli, un réflexe de protection pour rentrer la tête, soulever les épaules en guise d’évitement, une crainte contre les aléas de la vie m’habite, encore et toujours. C’est un mouvement erroné réduisant l’espace nécessaire au mouvement fluide des articulations.

Mes épaules ne tombent pas à la bonne place. Mon comportement craintif, inconscient les relève, entraînant la douleur perçue à certains moments.

Il ressent des tensions me dit : « Détendez-vous. » Puis il me suggère de soulever son bras qui me servait de butée tout à l’heure pour les exercices.

Ce corps à corps me conduit dans la sensation d’un membre pesant inerte et s’oppose à la sensation qui relève et tire mes bras vers le haut que je venais de découvrir, à cause de mes poches.

L’intention m’habite à présent, je sais vers quoi je dois aller, je dois être acteur et non pas spectateur des effets supposés d’une médication. J’ai un travail de corps à faire ; laisser tomber les épaules naturellement.

Un exercice de MLC (*)de l’année passée, me revient avec ses sensations, en tapotant de part et d’autre le bras détendu de ma partenaire vers le bas, j’avais été surpris à hauteur des mains de ne pas sentir de tensions, d’avoir comme un du vide entre mes mains, main pesante simplement, disponible sans contrainte, main de musicienne prête à entamer ses gammes.

Contraste avec mes bras remplis de tensions, avec mes épaules qui retiennent, s’opposant à la pesanteur et qui limitent la souplesse et la liberté des mouvements des articulations. Clavicule, clé de la détente.

Comme des pièces de puzzle qui s’assemblent, ces différentes sensations ouvrent de nouveaux espaces à ce corps enfermé depuis des lustres dans des réflexes de protection.

Corps en boule qui avait utilement cherché dans le passé une protection et qui croit encore à la nécessité de la maintenir.

Mémoire cellulaire de construction, cuirasses qui empêchent de laisser tomber la garde.

Sensations de chatouillement, de fourmillement qui s’exercent à hauteur des omoplates et qui appellent à des frictions fermes répétées pour soulager ce dos qui commence à s’exprimer.

Pièce de puzzle qui s’ajoute aux autres; qui me fait sentir, voir ces blocages de mouvement à hauteur des épaules.

Images qui me montrent cliché après cliché, les mauvaises attitudes que je balade avec moi. Corps signal d’un mal-être, engoncé, figé.

Invitation à consentir à la pesanteur, à laisser aller le mouvement naturel de détente, d’abandon à la liberté.

Cheminement persévérant mais lent.

Libération des cuirasses.

MLC.(*)

 

(*) Mouvement de libération des cuirasses

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