
A hauteur du giratoire Résistance, surprise, une affiche blanche de grande taille a été collée sur le mat support d’une des trois éoliennes de puissance. Point blanc dans le paysage plat qui s’étend vers le zoning industriel. Point d’accroche visuel qui me semble nouveau, étonnant et à cette distance lisible. » Lucie » Curieux ce prénom féminin sur cet engin ! Des nombreuses machines qui émaillent à présent le paysage en général, c’est la première que je vois nommée. Sans doute y en a-t-il d’autres, à gauche et à droite, des références chiffrées ou lettres ou marques de producteurs.
Mais un prénom, c’est original, neuf, surprenant.
Le monde est-il en train d’évoluer dans ce domaine, vers plus de convivialité, de messages moins techniques, plus humains et plus softs.
Mais est-ce une bonne voie, une face cachée de l’intelligence artificielle où des assistants sonores réagissent comme des humains. Prudence, méfiance, rejet. Une banalisation de l’environnement technique, une peau de mouton, un déguisement de loups.
Ses deux voisines aussi sont nommées.Elles sont trois, trois grâces, trois fées,
Lucie, Lilou, Louise.
Publicité déguisée sous un masque sympa ? Ce trio me parle par son rythme musical autour des L et de voyelles. N’en ai-je pas rencontrée dans ma réalité passée, dans la gent féminine de mon adolescence tardive, réminiscence du passé, vers l’avenir, où tout était possible, de l’amie épistolaire, à l’amie proche. Je reste dans le rythme où m’entraine cet égrainage de sons, où me parlent ces trois mots. Mystère, syllabes jumelles, légères où flottent mes souvenirs, mes émois.
Énergie verte sans doute, qui s’affiche sous leurs pales qui tournent avec douceur, légèreté, dans l’oscillation, leur massage utile qui lutte contre le réchauffement climatique annoncé. Espoir d’un autre regard sur ce qui est notre maison, notre chantier futur.
Infirmières au chevet du climat.
Petite cohorte de soignantes qui veillent, en notre place, pour notre sécurité. Trois fées qui créent la lumière pour éclairer l’avenir sombre des jours remplis de Covid. Initiative d’une coopérative locale qui a sa façon contribue à la lutte sans se perdre dans des intérêts lointains. Encouragement, petits pas locaux qui multiplient et changent un peu la face des choses.
Trois petites notes d’électricité, sous mes yeux, derrière ces trois prénoms s’ouvrant par la même lettre. Phonèmes qui s’associent, se mélangent et chantent dans ma tête.
Publicité sans doute pour s’approprier les coopérateurs, rendre concret les mots souvent affichés d’énergie verte.
Elles tournent féminines, à notre chevet bousculé.
Tournez manèges, tournez la nuit, le jour
Tournez sans fin pour changer notre destin.