Réflexologie plantaire,2

Mes pieds étaient de nouveau à sa disposition pour un massage profond. Elle n’hésitait pas à presser fermement sur leur plante dans l’espace représentant les reins et la vessie. Elle entamait un livre, mon livre, aux tensions correspondait des émotions, des attitudes et elle me les proposait. Sous la peau de mon pied gauche, une zone résistante avait été mise à jour et selon son expérience, la zone renfermait de vieilles peurs. Curieusement des 4 émotions citées, la tristesse, la colère, la joie, la peur, seule cette dernière me faisait problème. Elle ne circulait pas, ne se manifestait pas. Je devais acquiescer à son affirmation car je ne gardai aucune trace dans ma mémoire, ni dans mes écritures. Cette émotion semblait inconnue au bataillon.

La réflexologue avait percé un de mes comportements et mis en face de cette réalité passée, encodée dans l’épaisseur de mon pied.

Était-ce cette peur qui m’avait sculpté au cours du temps ou dans l’enfance et qui m’avait poussé à me réfugier au plus profond de mon corps pour y faire une forteresse, un sanctuaire inviolable que l’on ne pouvait toucher. Elle décrivait aussi une attitude qui m’avait causé dans le passé bien des problèmes et qu’elle abordait par la limite. Mon image du corps n’occupait pas la place disponible, elle était en retrait de la peau, sa limite ultime.

Mon conflit de mitoyenneté revenait ainsi à la surface, je n’avais pas marqué mon territoire foncier par rapport à mon voisin en exigeant le respect des herbes de ma pelouse le long de la clôture, que plus d’une fois, il avait désherbé en dépassant le treillis limite. Alors que cela m’avait fait bouillir intérieurement, j’avais écrasé, pour ne pas envenimer un conflit déjà latent pour lequel il estait en justice contre moi.

Mon ego n’allait pas en surface de ma peau, il était en deçà, dans la retenue. Longtemps j’avais été timoré passant au-dessus de problèmes manifestes pour ne pas faire des vagues.

Sur la plante de mes pieds en quelques pressions bien appuyées, elle m’avait percé et mis à nu cette attitude bien réelle.

Était-ce la peur de ne pas avoir raison, d’affronter l’intrus, le malappris qu’elle avait ressenti là, tout en dessous. Pour pointer de cette manière si juste, elle avait un talent certain et une bonne expertise. Elle s’y connaissait et n’apportait pas simplement du bien-être superficiel. Elle me poussait au fond des choses.

Était-ce ce savoir-faire qui avait tant étonné ma fille cadette qui était ressortie impressionnée de la séance que je lui avais offerte. Elle se proposait, enthousiaste, d’y retourner.

Le pied gauche était le théâtre principal, c’est de lui qu’elle s’occupait en priorité, après première séance d’approche et d’analyse des points douloureux de la paire. Sur la fiche qu’elle avait établie, elle notait parfois une réaction, un questionnement, sans doute pour tenir un fil rouge au cours des différentes séances.

Après l’échange sur la limite, elle me proposa comme à ma plus jeune une visualisation.

C’était d’imaginé un petit bonhomme qui se promenait dans mon corps. Elle conduisait la petite incursion intérieure. J’étais plus spectateur regardant mon corps sans réussir à y plonger, à l’explorer comme je l’aurais fait d’une grotte souterraine. Mon aptitude à la visualisation était limitée et je n’en entrais pas vraiment dans l’exercice

Elle me proposa ensuite d’imaginer un endroit idéal où je me voyais relaxé, détendu. L’image d’une chaise longue sous les tilleuls en vacances était mon support mais je développais avec difficulté, l’espace que j’y occupais. Question de limites ? Est-ce que je pouvais occuper ces lieux tranquillement ? A peine, je ne jouais guère le jeu, par peur de l’inconnu, sans doute. Mes sensations sur l’espace vécu pendant les vacances y étaient reliées, j’y avais ressenti le plaisir de ne pas être confiné, d’ouvrir toutes grandes les pores de ma peau pour respirer l’espace.

Les différents sens étaient concernés dans l’exercice mais pour celui du goût, je n’avais guère perçu d’échos.

L’étape suivante était celle de l’animal totem. Dans mon endroit de rêve, je devais l’inviter à se manifester pour une rencontre. Rien ne se passa, même en l’appelant il ne se présenta pas, ni forme, ni objet non plus.

Sur le sommet des paupières, un champ de couleur lumineuse, se mit en place. La couleur était dans la palette du violet comme pour un coucher de soleil. Symbole d’une des couleurs associées aux chakras. Peut-être ? L’expérience n’était pas assez forte que pour tirer une conclusion nette.

Je restais sur ma faim à propos de cette visualisation qui avait été un succès complet pour ma fille qui avait rencontré son animal totem. J’étais sans doute trop dans le mental. Au début de la séance, la praticienne m’avait décrit comme une personne ouverte des pieds aux épaules mais pas au dessus. Un blocage se manifestait par une rigidité marquée comme si mon mental faisait barrage aux sensations de vie du corps. Cette image me reflétait, correspondait exactement à ce que j’aurais dit de moi-même. Elle m’avait jaugé correctement.

La séance particulièrement longue se terminait. Il me fallait reprendre la route, reprendre mon activité. Rentré à la maison, je ne pu résister à la fatigue et je me couchais pour 2 bonnes heures.

Une autre séance apporterait sans doute son complément de sensations et d’images, un autre rendez-vous était à prendre.