Le cycle d’automne de la MLC vient de reprendre après un long été. Le petit groupe de fidèles se retrouve et repart dans l’exercice sous la voix magique de l’animatrice, ferme, posée. Elle nous guide dans la reprise de contact avec le corps, oublié depuis des mois.
Une balle de tennis sous chaque talon, je peine à garder l’équilibre, à laisser peser mon poids sur les balles. Une tendance fâcheuse me pousse vers l’avant, à la bascule presque. J’ai perdu mon axe, ma verticalité, un couple mécanique musculaire me tire vers l’avant. Je fais la boule, me replie sur moi, j’ai perdu mon ouverture.
Après quelques tentatives, je retrouve mon aplomb. Je pèse sur les balles. Je me suis redressé.
Entre mes mollets, une boule d’énergie oscille lentement, de gauche à droite. Je la ressens, elle me fait du bien, m’apaise mais ne monte pas, ne s’élance pas vers le haut comme cela est arrivé quelquefois.Le premier exercice se termine nous somme invité à nous allonger.
La voix de l’animatrice nous guide. Un nouvel exercice est proposé. Une balle de tennis sous la fesse gauche, la jambe repliée. Nous entrons dans un exercice de sensations. Le muscle fessier est supposé prendre la balle. Tentative, petit mouvement. Est-ce bon, juste suffisant ? Il faut reprendre l’habitude d’habiter son mouvement, de faire agir un ou deux muscles, pas l’ensemble du corps.
Retour à des sensations plus profondes.
L’ attention se déplace, comme c’est l’usage, dans le corps. Sentir la place du bassin. Le creux lombaire est-il petit, grand ? Quelle est la surface d’appui de celui-ci sur le sol ? Le mouvement fait à gauche est refait sur la droite.
L’heure se passe à reprendre contact avec des exercices presque oubliés. Dans l’indifférence au corps dans l’action des vacances, n’a-t-il pas été oublié ?
Une sensation curieuse, étrange m’en envahi au moment du bilan. Depuis plus d’un mois, je suis resté dans ma tête, mes épaules. Mon corps a souffert et je l’ai abandonné pour ne plus souffrir parce qu’il me trahissait à nouveau.
Les sensations venaient du plus profond de mes viscères, des couches profondes sous l’armature corporelle, sous le niveau des muscles.
Mes organes internes étaient touchés, Organes que l’on ne ressent que lors d’une mauvaise digestion, un point de côté, une crampe. Organes qui se manifestent parfois par un gargouillis involontaire.
Depuis un mois, j’ai abandonné mon corps dans ses contours, ses alentours. Je me suis réfugié dans ma tête, mon corps était dans les mains de la faculté des infirmières, à l’hôpital.
Dix jours d’abandon, de soins. Munis d’un Baxter sur roulettes que de fois n’ai-je pas arpenter le couloir pour rester vivant pour ne pas me prostrer dans une mise en boule physique et morale.
Mon axe n’est plus droit. Il s’est courbé vers l’avant sous le poids du destin et de ma vésicule qui conteste la présence de cailloux volumineux. Après l’intervention, j’en sors alléger sans doute mais sans trop de douleur. L’ablation sous laparoscopie est devenue courante, digne de l’hôpital d’un jour.
Mon corps fait mémoire de ce retrait, de cette peur qui m’a envahie quand brusquement des soubresauts, des nausées, des sensations inconnues m’ont envahi. Était-ce le retour d’un problème de cœur ? C’était l’inconnu, le danger qui se manifestait. J’avais agit cette fois rapidement, dans l’urgence.
J’ai traversé l’épreuve, fait retraite dans mon coin.
Il me faut a présent sortir du bois, me reconnecter à mon réseau musculaire traquer les tensions qui apparaissent lors des exercices, les dissoudre. Retrouver confiance dans ce corps que j’habite, reprendre mes marques ,rentrer dans la fluidité d’un duo serein et proactif.
Vivre l’événement, laisser s’écouler les tensions, repartir dans l’activité musculaire à tous les niveaux pour que ce corps continue sa vie, ma vie