Collégiale

En cherchant sur le compte Facebook de ma cousine, pour connaître, la nature de son partage, de fil en aiguilles, j’ai visité sa galerie Photos. Hasard signifiant.
Une photo m’a profondément touchée, insolite, méditative, improbable.
C’est la période de l’Avent, le temps de préparation de Noël, du sapin et pour moi de la crèche. L’un ne va pas sans l’autre.
Temps de montage, puis temps d’oubli.
Cette tradition me plonge dans mes racines et justement cette photo de la collégiale me ramène au pays, au collège, à la maison maternelle.
Mais pas seulement, ce bâtiment ancien qui émerge du brouillard comme un point de mire, un point interrogation.
C’est bientôt par ici la marche à l’étoile, localement une petite expédition la nuit, pour chercher la lumière, celle qui devrait nous illuminer par cette naissance d’un Dieu fait homme.
C’est le temps de la tradition marquant le souvenir d’un fait impensable, source, rocher pour l’année qui va s’écouler.
Ne pas la réduire à un sapin dont le pied est couvert de cadeaux dont nous n’avons pas besoin, ne pas la fermer par la parenthèse de fin ce retour au foyer, à la chaleur de la vie.
La crèche, la prendre comme source, comme piqure de rappel pour affronter les aléas de l’année.
Mais au fond où crèche-t-il cet enfant au cours de l’année quand tout est rangé, peut-être oublié même.
L’image de cette collégiale qui vient de frapper mon imagination, me le fait ressentir. Dans le brouillard de la vie, de ses difficultés, de ses doutes, quand on ne voit pas clair, n’est – ce pas un bon réflexe à vivre au cours de l’année,  se tourner vers celui qui nous a été donné, avec et par la foi de ceux qui nous ont précédés.
Église comme invitation permanente, où se recentrer par la prière, par le temps d’arrêt de cette course sans fin, le temps d’une pose pour faire mémoire de la crèche, devenue pour l’année, l’église proche.

Noces d’Or d’Amis.

Alors que j’observais le décor baroque de cette grande chapelle, mon attention se fixa sur l’autel de gauche et plus particulièrement sur la corne d’abondance présente. Image symbolique du passé, présente dans beaucoup de monuments-églises, dans le temps où l’on faisait encore parler le décor.

Puis tu as pris la parole et je te voyais entre deux têtes de personnes assises dans la rangée devant moi.

Comme une apparition, avec la nouvelle coiffure, après cette longue maladie, tu étais vaillante, présente. Sorte de résurrection, et tu prenais la parole ferme et claire dans ton expression. Comme si la corne d’abondance vous avaient parlé, tu étais là concrète, à jeter un regard sur le temps qui s’était écoulé, depuis votre mariage, il y a 50 ans. Noces d’or.

Vous aviez réunis tout autour de vous quelques amis en plus de la famille, amis appartenant pour la plupart aux équipes Notre-Dame. Celles-ci étaient comme le fil rouge de votre vie commune. Sans faille vous avez parcourus ce temps dans l’esprit des équipes. Convivialité sans doute mais aussi approfondissement de la foi, ce don qui un jour vous avait été donné et que par choix, nous avions entretenus malgré les aléas de la vie.

Curieusement notre histoire relationnelle avait débuté au « Chant-d’Oiseau ». Maison de retraite ou venant d’univers éloignés, nous avions fiancés, été proches pour prier, se préparer et affronter une vie commune consacrée quelques semaines plus tard par un mariage en bonne et due forme. Cérémonie pour obtenir la grâce et le support pour un compagnonnage réussi et durable.

Puis nous avions décidé de nous revoir, si possible en Tunisie où par hasard, nos chemins de nos voyages de noces pouvaient se croiser. Ce qui fut dit, fut fait, et solidement fait. Nous sommes ici, à vos côtés, pour en témoigner cinquante ans plus tard.

Vos 7 petits enfants sont autour de vous, dont l’aînée apparait à gauche de la photo, à droite, un couple ami sans doute. 

Triangle humain qui permet l’abondance et la durée ; le couple que tu représentes, la famille à gauche, les amis à droite.

Relations nécessaires et solides pour cheminer dans les moments bien divers que nous offre la vie, pour nous conduire, au-delà de nous-mêmes. Moments parfois douloureux.

Me revient  ici que pour que la vigne donne du fruit, il faut élaguer les branches inutiles, qu’une vigilance est nécessaire pour conduire le fruit à maturité. N’est-ce pas pour cela que l’on nomme cet anniversaire : noces d’or car il a fallu bien des trésors d’énergie, pour faire face à tous ces moments et qu’il y a bien de bons moments accumulés.

Que cette mémoire de l’abondance reçue, vous accompagne pour les jours qui viennent, tout autant que les valeurs des équipes pour vivre ce que vous allez vivre encore.

Cordialement 

A&F

Vendredi Saint

C’est plutôt mon rôle de sacristain qui m’a poussé à l’ église vers trois heure pour le chemin de croix traditionnel. Y avait-il une tâche bien précise à accomplir. Pas sûr, cette période de confinement perturbe tout, impossible d’y voir clair. Trop de changements, trop de limites mais enfin fonction oblige.

Un petit groupe d’enfants est présent sur la place, quelques parents venus les amener, quelques anciens, vont entrer dans l’église. Ce n’est pas la foule bien sûr, le confinement l’exige et puis il y a aussi un office le soir. Là ,mon rôle est plus clair, mon efficacité aussi.

En voyant l’acolyte tenir la Croix de procession, je me replonge dans mes mémoires d’acolyte, au village, jadis. Il y a si longtemps que je n’aie plus suivi activement un chemin de croix, la vie m’en a offert d’autres.

C’est une cérémonie légère, le parcours a été réduit à 7 étapes. Pourquoi 14 stations, le symbole du chiffre n’est plus dans ma mémoire, encore un de ceux qui ont disparus.

L’église est lumineuse cet après-midi, les fenêtres laissent passer largement la lumière du soleil de printemps. Ce chemin de croix me semble plus léger, plus court. C’est autre chose quand le ciel est plombé, qu’il pleut. La cérémonie débute, le célébrant commente la première station. Tiens ici, on tourne pas de la même manière que dans ma paroisse natale. Est-ce équivalent au point de vue sens. Ici on remonte le temps, à l’opposé des aiguilles d’une montre. Symbole encore, pourquoi.

Bel exemple de fidélité, de vigueur et de foi, le Père Luc, notre doyen d’âge, qui va fêter ses cent ans, en Octobre suit vaillamment le petit groupe qui se met en route, gardant les distances imposées par l’épidémie. Les phrases dites, se réverbèrent dans l’espace des nefs latérales. Le temps s’écoule, mon attention se marque plus sur la lumière qui inonde la nef centrale. Le texte me manque pour fixer mon attention.

Ce moment de recueillement devant les stations choisies, en circonvolution se termine par la Crucifixion, la mise au tombeau. Le recueillement revient , le mouvement s’arrête, l’un ou l’autre s’assied, fait une pose pour terminer par un moment de silence. Mon attention se fixe sur l’autel, dont la porte du tabernacle est ouverte, laissant deviner l’absence des saintes espèces, pour marquer le vide. L’absence qui suit le crucifiement. Comme une anticipation à la suite du schéma de la cérémonie, le deuil, l’absence.

Alors que le Christ vient d’être mis symboliquement au tombeau, qu’il nous faudra attendre Dimanche pour que sa résurrection soit proclamée, qu’il nous faudra le temps d’intérioriser son absence, la lumière met en valeur l’arrangement de l’autel, nous montre que le tabernacle est vide. Le Saint-sacrement au tabernacle, mémoire du Jeudi Saint a disparu sous nos yeux, le Christ aussi jadis, dans l’enfermement du tombeau. 

J’ai comme l’impression qu’à la tristesse qui suit la mise au tombeau, la lumière qui éclate sur le tabernacle, à cet heure ou la cérémonie se termine, me dit ; C’est la parenthèse de sa vie sur terre qui se termine, une parenthèse terrestre. C’est nécessaire, ce passage, il faut l’intérioriser, quitter l’obscurité, quitter la dureté, la violence de ce monde insensible, se fondre dans la lumière qui par sa présence à ce moment précis, comme un signe nous redit qu’autre chose s’ouvre, que plus tard, puisqu’on connait les étapes, la résurrection va suivre, la lumière jaillira dans les ténèbres. Une autre perspective lumineuse nous attend.

Discrètement, je m’approche du doyen d’âge, assis,  pour lui faire ressentir l’événement lumineux qui comme un enseignement s’ajoute à toutes les paroles dites, récitées. Le verra-t-il, vu sa vue qui décline, peut-être mais par ma voix, j’espère lui avoir transmis ce moment particulier qui nous est offert, ce vendredi. Déjà au début de l’année, il m’avait demandé de vivre, la rencontre, des rayons du soleil et du Sacré Cœur, à l’équinoxe, dans cette église millénaire. Mais la couverture nuageuse étant trop importante, les rayons lumineux n’étaient pas présents.

Comme un signe plus fort, l’éclairement du tabernacle, en ce Vendredi Saint, en sa présence, par les rayons lumineux nous disait autrement, l’essentiel. « Ne voyez pas le vide dans ce lieu, voyez y la force et la joie de la lumière qu’est le Christ, qu’il chasse les ténèbres, nos jours sombres, nos doutes. Le Christ est la Lumière du Monde, la lumière devant nos yeux, sur le tabernacle souligne sa force et termine le mémorial de sa crucifixion.

Le Christ va, est ressuscité.