Rorate, Mercredi de l’Avent.

Noël est à deux pas, plutôt, à quatre semaines, les commerces sont déjà remplis de calendriers de l’Avent. Plus d’un article est proposé avec dans la publicité de présentation, le terme de l’Avent. Je viens même de voir un colis de bières de l’Avent. Mais où va-t-on ? Qui achète des produits de ce genre. Faut-il en déduire que c’est parce que cela se vend bien qu’on les propose. Je ne sais qu’en penser, mais cela m’attriste.

Pourquoi démoli-t-on systématiquement ce contexte de l’attente, de la préparation. Pourquoi abandonne-t-on le symbole que ce mot contient et qui nous relie à ce qu’il y a de meilleur dans notre société.

L’attente d’un événement qui porte en lui un avenir, un sens profond, un baume à notre vie dont plus d’un aspect, n’est pas simple, facile, joyeux , est galvaudé. 

Symboliquement qu’elle richesse ne transporte-il pas avec lui.

Pourquoi le réduire à un produit consommable ?

A-t-on encore le sens de la fête ,  de sa préparation lente progressive qui s’éclate dans la joie tant attendue de sa réalisation.

Pour la troisième fois, en ce Mercredi de l’Avent où le « a » d’avant, est remplacé par un « e » pour bien authentifier la richesse de son esprit. Ce n’est pas le « a » d’alimentation, mais le « e » d’envie, d’espoir, d’émotion contenue, d’éveil.

Ecoute du vent, écoute du moment particulier qui se vit en quittant la maison alors que l’environnement n’est pas encore réveillé, que la rue est vide de son agitation habituelle.

Le bruit ne règne pas en maître, la course éperdue des voitures impatientes n’est pas encore ouverte. Il fait calme, pratiquement à 6h 15, qui est dans la rue ?

Dans la mienne, il n’y a aucun mouvement. Nous sommes seuls, à attendre que le feu passe au vert, au pied de celle-ci. Sur la route principale, aucune voiture n’a été arrêtée, ni à gauche, ni a droite.

La place un peu plus loin, bien éclairée attend les quelques paroissiens qui ont fait le choix de l’éveil, d’une participation dans les entrailles de l’église, dans la seule crypte à des lieux à la ronde. Petit joyaux, simple et banal, sous le chœur de notre église millénaire. La grande nef n’est éclairée que par la lumière diffuse de l’éclairage public. Quelques cierges allumés balisent la petite nef de droite, pour conduire les fidèles à l’escalier situé près du chœur.

Une famille avec cinq enfants me précède, avant l’heure. Petite performance matinale, exploit.

La messe de l’aurore va commencer. Chacun reçoit à l’entrée une bougie a allumer car l’électricité n’est pas de mise. La flamme est symbole de la marche de Noël, de la lumière que l’on attend, symbole d’une foi, pas toujours évidente, qu’il faut entretenir, renforcer, protéger par la profondeur de démarches comme celle-ci. Oser déranger la routine, le confort d’un quotidien fade et sans transcendance.

Braver la fatigue, la tiédeur qui souvent nous envahi, l’indifférence contagieuse de l’observateur.

Quelques enfants sont présents, une vingtaine d’adultes. Le doyen d’âge de notre communauté, presque centenaire n’a pas failli face à ce projet. Ardent comme un jeune, enthousiaste, il entonne encore, par cœur, ce chant grégorien, le « Rorate Coeli desuper *» car  il ne sait plus lire aisément.

Moment de prière, d’éveil. Temps pour quitter nos obscurités, notre mollesse. Temps de préparation pour avec la lumière naturelle de l’aurore proche, entrer dans la lumière que l’enfant à naître nous propose, avec lui, pour lui, par lui.

*Chant inspiré du Livre d’Isaïe (45,8)- « Cieux , répandez d’en haut votre rosée et que les nuées fassent descendre le juste. »