La jeune dentiste.

La jeune dentiste m’avait soigné quelquefois puis placé au pied du mur. « Je ne souhaite plus soigner vos dents comme anciennement, mais revenir à ma méthode avec le voile de caoutchouc. Si vous voulez être soignés comme avant, prenez rendez-vous avec le dentiste. »

Cette méthode, nouvelle pour moi, m’indisposait, constituait un obstacle à mon confort car j’éprouvais à l’occasion, la nécessité de faire le nettoyage de ma gorge, comme le faisait ce tuyau d’aspiration lors de l’usage de la fraise. Recevoir une sorte de voile en caoutchouc autour de la dent et couvrant la bouche me faisait paniquer. Je ne pouvais cracher à l’envie pour nettoyer les glaires qui obstruaient ma gorge et mon nez.

La fois suivante, j’étais passé en soins chez le patron et avait retrouvé avec soulagement, cet aspirateur au coin de la bouche, élément essentiel de ma sécurité.

Avoir manqué l’asphyxie à trois reprises par blocage de la respiration me faisait paniquer, dès que le jet accompagnant la fraise, projetait son courant froid et humide dans ma bouche. Cet aspirateur apparaissait comme ma bouée de sauvetage lors de ces soins angoissants.

Quelques mois plus tard à cause de ma rage de dents et du peu de charge du jeune aspirant dentiste du même cabinet, j’avais reçu des soins dans la semaine et ce sauvetage me rendait redevable. Je poursuivais la suite des soins chez lui.

Son allure m’avait pourtant gêné. Son manque d’expérience apparaissait flagrant. Il se présentait avec réserve, était moins vif que les autres, par contre plus doux que le patron. Les quelques mois d’expérience avaient pourtant été gommés par sa douceur et sa politesse. N’était-il pas venu s’excuser la deuxième fois pour un retard de 20 minutes en me rejoignant à la salle d’attente pour l’annoncer. Ses soins étaient plus attentifs, il avait aussi avec la canule, aspiré la première fois le fond de la gorge car il constatait une accumulation.

Ces deux attitudes m’avaient mis en confiance et je m’étais présenté une troisième fois pour recevoir à nouveau le fameux voile en caoutchouc, « la digue » autour de la dent .

J’avais géré ma panique en pratiquant la relaxation et essayé de tempérer mes émotions bouillonnantes. Avec la MLC et sa technique d’analyse des sensations des tensions et des mouvements dans le corps et les articulations, j’avais lors de la séance, constaté pour la première fois que je n’aspirais plus par la gorge et le nez mais par le nez uniquement.

Je sentais l’air passer dans mon nez derrière le champ d’opération, sans obstacle. Ma sensation de danger face à l’étouffement par la digue s’était envolée. Grâce à cette découverte j’avais supporté le voile caoutchouc près d’une heure. Pour mon confort, le jeune dentiste avait utilisé une fois la canule d’inspiration pour dégager le fond de la gorge qu’il constatait encombré par un peu de liquide et de salive. Je pouvais à présent affronter cet objet, source de ma panique, sans trop de difficultés car son assistance bienveillante serait là en cas de panique.

N’était-ce pas d’avoir cette incapacité de gérer les circuits de respiration par le nez à défaut de celui de la gorge ou vice versa qui créait le problème et expliquait mon incapacité à nager avec la bonne gestion de mes conduits d’inspiration.

L’observation des réflexes et mouvements divers dans le corps de la MLC m’avait servi et permis mieux géré mon stress, ma respiration. J’avais fait un grand pas en avant grâce à sa douceur, sa méthode et son attention à ce qui faisait ma gêne essentielle.