Voyage à St-Nectaire.

En passant d’une chaîne de TV à une autre hier soir, je fais arrêt sur la chaîne Ln 24 que je ne fréquente guère, et tombe sur un podcast inconnu présentant un aperçu de l’évolution des drones. Enfin autre chose, à leur sujet, que les récits de guerre. 

L’année dernière, grâce à eux, j’ai obtenu d’un voisin, une vue aérienne de l’ancienne sablière en friche derrière chez moi. Cette fois, le sujet qui apparaît maintenant est l’utilité de ceci, dans la gestion future, de l’épandage des engrais, sur les cultures. Une optimisation s’avère nécessaire vu le prix de ceux-ci.

Me voilà fixé dans ma recherche de chaines. Le sujet m’intéresse, je suis attentif et reste en spectateur. 

Quelque temps plus tard, après le sujet clôturé, un autre s’ouvre. C’est en France dans le Puy-de -dôme, en Auvergne. Surprise, une église romane, construite sur un mont, fait l’objet d’une étude par les drones pour répondre à la question suivante : « Comment se fait-il que l’éclairage par le soleil des statues de certains saints, le jour de leur fête, ne se fait pas ? » 

« Que peut-on en conclure ? D’où vient cette différence ? »

Me voilà renvoyé à mon expérience étonnante, dans la paroisse où je vis et où j’ai découvert qu’à l’équinoxe au printemps dans notre église romane, le Sacré-Cœur sur le maître-autel est entièrement éclairé.

Cette recherche, là à des centaines de kilomètres, me plonge dans l’univers des bâtisseurs romans de cathédrales, de collégiales. En absence d’électricité, la lumière naturelle servait déjà à mettre en valeur, dans le bâtiment certains moments, certaines dates. 

L’univers était vivant, il apportait sa présence, son soutien, à la liturgie. C’était comme un enseignement lumineux.  La nature était une alliée, elle contribuait à la gloire de Dieu. L’époque était bien plus religieuse, plus motivée. Ne construisait-t-elle pas de magnifiques bijoux. 

Aucune comparaison n’est possible entre cette église et la nôtre. Le sommet de chapiteaux dans le chœur là-bas, représente des scènes e.a de la Passion, de l’Apocalypse. Cela n’existe pas chez nous, elle est plus modeste, juste aux 4 angles des piliers de la nef, une figurine en relief. Aucune statue de Saints, contre les piliers, n’est éclairée car elles ont été éliminées bien des années plus tôt et bien avant encore les fenêtres hautes de la nef centrale occultées, par l’extension du toit vers 1790. Ce qui me conforte, c’est qu’à cette époque autour de la fin du premier millénaire, l’église était mise en relation avec la nature, volontairement par un alignement de la hauteur des fenêtres, de l’emplacement des statues.

Que les rayons du soleil, pénétrant dans le bâtiment, étaient comme des doigts, mettant en valeur, certains éléments. La lumière était à ce moment, un support important.

A Saint-Nectaire, si certaines statues de Saints, ne sont pas éclairées, c’est sans doute, dit l’étude par drones, que les collines environnantes arrêtent les rayons de soleil à certaines dates. Au fond, il y avait une trame de construction idéale en architecture romane pour un bâtiment en plaine, en pays de collines, certains éclairements étaient impossibles.

Mais le génie des architectes lors de la conception, des plans, était bien présent à cette époque romane, même dans la simplicité et s’appuyait sur d’excellentes connaissances astronomiques. Un esprit régnait à cette époque pour renforcer, à travers le bâtiment, l’idée que le Christ est la lumière du monde.

https://www.ln24.be/2023-01-25/la-revolution-drone-votre-documentaire-ne-pas-rater

https://fr.wikipedia.org/wiki/Église_de_Saint-Nectaire

https://wordpress.com/view/corpssensations.org

Y26-https://corpssensations.org/2020/03/18/moment-de-grace/

Y63-https://corpssensations.org/foi/office-vendredi-saint

Noli me tangere

La nuit est chaude, moite, le sommeil me quitte et m’offre un moment de conscience. Les images de l’après-midi me retraversent. La fête organisée par ma fille cadette, pour le départ imminent de mon petit-fils Quentin, rassemble les familles.

Fin de semaine avec ses parents, il va descendre en voiture dans le Midi de la France pour une nouvelle page de son histoire de formation. Le mois dernier, il a été adoubé par ses pairs, le voilà aspirant chez les compagnons du devoir. Il va rejoindre à Gap, le foyer d’accueil où en tant que charpentier, après une nouvelle formation, débutera peut-être son Tour de France.

Avec fierté, il nous montre son bâton, symbole de la marche des anciens, du temps des cathédrales où ils se déplaçaient en homme de métier, à pied.

Lors de la fête, à la maison de Bruxelles, il a reçu ses couleurs, celles des charpentiers symbolisée par une bande de tissu, étroite, verte,  à porter  en bandoulière lors des cérémonies de la confrérie.  Il nous montre quelques motifs brodés sur celle-ci, nous décode celui des outils, mètre et compas. Celui avec 2 personnages sous une inscription en latin m’intrigue. 

Par une recherche sur mon smartphone, Je décode rapidement la phrase en latin, les 3 mots inconnus « Noli me tangere » signifie « Ne t’approche pas »

C’est une scène religieuse émergente du passé en cet après-midi de l’Assomption, du 21e siècle. Cette bande de tissu qu’il appelle dans la langue des compagnons « couleur », est devenue alors dans mon esprit, une étole profane, en lien avec celle que je connais, l’étole du prêtre, du diacre, dans la cérémonie de la messe. Ce tissu est le symbole d’une confrérie, il définit les étapes du parcours de l’aspirant, du compagnon, de l’appartenance de ces hommes qui jadis ont fait la gloire d’un pays, le  savoir-faire d’une confrérie,  l’art dans toute sa splendeur, pour avec respect et dignité porter la cathédrale à sa magnificence tout en sachant craindre, de ne pas s’approcher de celui que l’on honore « Noli me tangere » Dans ma recherche sur le sens de cette icône, celle trouvée chez Maurice Zundel me plaît. 

« En demandant à Marie Madeleine de ne pas le toucher, Jésus indique qu’une fois la résurrection accomplie, le lien entre l’humanité et sa divine personne n’est plus physique, mais passe désormais par le lien de cœur et la  communion eucharistique. 

« Il faut qu’Il établisse cet écart, il faut qu’elle comprenne (et toute l’humanité) que la seule voie possible, c’est la Foi, que les mains ne peuvent atteindre la personne et que c’est du dedans, du dedans seulement, que l’on peut s’approcher de Lui » Le sens de ce message m’est alors clair.Tout n’est  pas dans le concret, il y a une vie au-delà de la matière comme dans l’amitié qui peut exister entre personnes. 

Au fond mon petit-fils, ne va-t-il pas vivre dans le lieu qui l’accueillera là-bas, une amitié, une appartenance à une communauté qui défend des valeurs profondes, humaines et porter fièrement la devise « Ni se servir, ni s’asservir, mais servir ». Pour les Compagnons du Devoir, le métier ne se limite pas à un savoir-faire : c’est une culture, un savoir-être.

Le voilà adoubé, portant une bannière autour du cou, dans le chemin qu’il va suivre, étape par étape pour entrer dans cette confrérie.

Bonne route cher petit-fils.

PS.

 Pour les Compagnons du Devoir, le métier ne se limite pas à un savoir-faire : c’est une culture, un savoir-être. Un métier, c’est une histoire, des hommes, un langage, des écrits, des ouvrages laissés par les anciens. Un vocabulaire particulier s’établit entre les compagnons dont un prévot, et la mère Veillent dans une maison à la qualité de l’éducation des « pays ».

Un mal pour un bien?

Mais où sont passées mes clés de voiture ? Cette fois, ce n’est pas une distraction qui les a posées de manière incongrue dans un endroit inhabituel. Elles ne sont ni au porte-clés , ni dans ma veste, ni dans mon pantalon d’hier. C’est évident, elles sont tombées quelque part. 

Les « va-et-vient d’hier » défilent dans ma tête. Serait-ce chez ma sœur qui nous recevait Mardi pour mon anniversaire ?

Un appel téléphonique s’impose. Elles ne sont pas chez elle.  « Va voir l’endroit de parking, sous l’arbre ! » Ouf, elles y sont.  Aucune ne sera à remplacer, juste les récupérer.

« Suis-je en train de perdre la tête ?  Est-ce l’impasse dans mon quotidien, face à l’orage qui me secoue comme un prunier ? Rien ne sera plus comme avant. Tout s’effondre et j’ai perdu les clés de l’avenir.

C’est le moment d’aller à une demi-heure de route, récupérer ce jeu de clés. Jeudi, en sortant, le jeu de clés de mon épouse en main, je rencontre la voisine.

« Tiens, je venais mettre une revue dans votre boîte aux lettres ! »  Échange de bon voisinage. Je la trouve vaillante. Malgré son âge, elle est en route pour une petite promenade. La conversation démarre. « Vous n’avez pas la forme !»  dit-elle.

 Oui, c’est vrai ! Cela ne va plus dans mon bénévolat qu’elle connaît bien, son défunt mari s’activait aussi dans cet espace. En quelques mots je m’épanche, lui donne des détails. Étonnement. « Un mal pour un bien ! » dit-elle. Sagesse de sa longue vie, son regard sur l’événement. Je suis secoué, ce qui me semblait être un échec cuisant, ne l’est pas nécessairement, semble-t-il.  Est-ce l’occasion d’ouvrir une autre porte, la précédente s’étant refermée. Abandonner le passé pour un autre présent. 

Dans mes mains, en plus des clés, un premier test imprimé du recueil d’écriture, enlevé hier au Copy Center. Je lui montre.

C’est vrai, si l’autre porte se ferme n’est-ce pas dans ce recueil, dans cette démarche que je dois investir. Je lui montre l’exemplaire que je porte à ma nièce pour correction. Synchronicité !  Cette phrase impromptue alors que je la rencontre, que je vais récupérer mes clés de voiture chez ma sœur, c’est au fond la verbalisation d’un état qui m’a mis chaos d’abord, qui s’oriente dans un autre sens, qui me relève dans une démarche proactive d’écriture. « Un mal pour un bien ». 

Plus d’une fois, ces chocs de vie, cassent la routine de mon parcours de travail. N’ont-ils pas été propice à une vie plus riche plus épanouie, après.

Une nouvelle porte s’ouvre dans le domaine de l’écriture. Moments. Nom du recueil. Sous-titre, Miscellanées. Avec ma nièce, encore quelques efforts de correction, de fautes d’orthographe, de mise en page. Un espace autre s’est ouvert. Mon arbre de vie a été taillé, les branches mortes émondées.

Au parcours d’artiste, Dimanche dernier. Une rencontre d’un exposant. Une ouverture sur les Haiku. Rencontre ce Vendredi, de l’auteur. Echange de ressentis. Moments de grâce.

Un autre printemps est-il en face ?

Sans doute, après l’hiver