Accablé de sommeil, au chaud sur le divan, je rêvais, conscient et inconscient alternativement.
Logés derrière sa vitre qu’à grand peine, je surveille, le disque doré de la comtoise balance, infatigablement. A espace régulier, sa courte course reflète et scintille d’un feu qui décroît lentement chassé par la pénombre.
J’écoute le temps qui court sur le mur du salon.
Pour marquer son effort, à chaque amplitude d’une voix nette et sèche, elle tic et tac en rythmant la torpeur lourde de ma tête.
Tic, tac, gauche droite, une fois deux fois, dix fois, cent fois, je l’écoute hacher le bruit de fond en tranche, tranche de vie, sommeil, frissons.
Temps passé, temps présent, lentement, sûrement passe mon temps.
Battements de mon cœur qui chassent dans ma tête, appuyée. Pulse, pulse mon cœur lentement, régulièrement, sûrement.
Battement du temps, de mon cœur, de mon temps.
Dure, dure ce temps.
Je rêve de ces tiges captives, aiguilles besogneuses qui se poursuivent inlassablement. Grande aiguille qui monte, qui descend, marquant son pas, chaque pas, d’un petit bruit discret, satisfait.
Petite aiguille discrète immobile qui bouge, lentement sournoise.
Elles montent ou descendent dessinant le temps. Ballet lent, très lent, aussi lent que ce temps qui me fixe jadis au divan.
D’un œil à peine conscient, présent, je suis dans la course du temps.
Tic, tac, claque le tic, cogne le tac, le temps chemine en tournant lentement mes pensées endormies du passé.
Comtoise de l’ancien temps. Analogie du temps.
Accablé par la fièvre tièdement dans ce fauteuil, maintenant, je regarde défiler les chiffres de l’horloge murale, froidement. Sans bruit, sans foi, sans lois. Défilé de chiffres lents qui tombent sans mouvement, identiques.
Adieu, poursuite, escalade, glissade d’aiguilles amies, froideur d’un défilé de chiffres, froideur du temps.
Silence. Je te vois digitale et je n’aime pas ton temps.
Déc84