Rêverie à l’aube.

La demi couette, changée pour cause de fin d’hiver ne me suffit plus, mon cocon fraîchi trop tôt. Le réveil n’est pas loin. D’un geste protecteur, j’ajoute le couvre-lit sur celle-ci et doucement la chaleur qui m’attire, se recompose, me gardant dans cette barque matinale.

Je vogue au gré des courants légers et chauds de mes pensées vagabondes.

Dans ma tempe au niveau de l’oreille, mon cœur se manifeste d’un battement régulier apaisant. Je suis vacant des pensées parasites de l’agenda qui se remplit malgré moi et dont je ne regarde que les vides. Je plonge au chaud, chaleur qui me manque si souvent au cours des jours qui sont encore si frais mais lumineux.

Atmosphère détendue, propice aux rêveries où je passe en revue, la rencontre étonnante d’une nuit du mois dernier où vivement j’échangeais avec ma muse. Présence féminine qui m’interpellait et dont je ne garde en mémoire que la présence véritable et cachée dans les brumes d’une apparition éphémère.

Quelle est donc cette grâce qui m’a traversé ?

Quelle était son intention, sa mission. Je ne sais plus. Je l’appelle depuis, le soir, avant la plongée dans la nuit pour qu’une fois en plus, elle s’arrête et m’explique le sens de ce passage. Je guette, j’invoque mais je suis esclave, je n’ai que l’attention, l’accueil et l’ouverture à ma disposition.

Figure intime, féminine que la littérature présente sous le nom d’Anima. Sans doute mais comment l’animer, la rendre présente, vivante dans mes nuits. Regarder en journée, peut-être, les indices évidents de ces jeux de formes, de mots, de rencontres qui nous croisent au moment. Faut-il animer le réseau d’amitiés lointaines en cliquant des « Like »? Superficiel, facile. Pourquoi pas ?

Mais pourtant, ce n’est pas la quête, la manifestation spontanée qui me sort de l’oubli, du désert qui s’installe de plus en plus dans ce monde individualisé.

Les bulles de vie qui s’éclatent depuis Dimanche me traversent à nouveau. Le dernier texte que j’ai posté a plu et elle édite un petit mot, sympathique à ce sujet. Signe d’amitié à prendre sans réserve. Puis deux jours plus tard, une collègue d’avant reprend contact en deux mots combien réconfortant. Notre espace d’échange au travail, refait une poussée printanière marquant des années de convivialité. Oserais-je reprendre ce contact malgré l’âge qui ne sépare?

Ma rêverie se poursuit au chaud toujours, je ne suis pas seul, mes muses sont là qui papillonnent dans mes pensées.

Étonnement mon épouse déjà levée et prête à partir dépose sur mon visage un baiser. « Je vais chez le coiffeur dit-elle, à tantôt ». Surprise ! Comme si elle se sentait étrangère au bal de mes sensations, mais contrariée, elle lui a ajouté son écho, comme plus d’une fois elle l’avait fait dans le passé quand autour d’un café au bureau, je passais du temps d’échanges avec son homonyme, collègue, amie de travail.

Petits signes qui s’accumulent qui parlent indirectement des liens et des relations subtiles qui nous entourent et que trop souvent dans l’agitation, nous ne voyons pas, nous n’admirons pas.

Alors que je sort péniblement de ce cette torpeur et que plus tard, je m’installe et la rejoint à la table du déjeuner, mon épouse me raconte le rêve de sa nuit. « Elle me voyait couché à côté d’une femme, puis elle vient me couvrir d’un drap. »

Fallait-il encore un autre signe pour caractériser mieux ces mystérieux échanges dignes d’un réseau 4G.