S’ouvrir ou souffrir.

Bulles5261Onomatopée presque, jeux de mots peut-être ! Syllabes proches qui sonnent « même » à une oreille inattentive. Univers différents, incompatibles et pourtant liés. Univers identifiés, univers identifiables. Alternance qui me parle et qui fut mienne. Equation à deux inconnues profondément liées que je découvre, pas plus tard que la semaine dernière.
Pour récupérer ma souplesse et soigner les attaches du bras droit (Sus-épineux) qui me font régulièrement souffrir, pour repartir du bon pied pour une nouvelle année, je bouge. Sur les conseils de ma plus jeune sœur, je me suis inscrit à dix séances de gymnastique douce. Mais alors douce, la plupart du temps,les participants sont couchés sur un tapis de sol et ils étirent les muscles selon la théorie des chaînes musculaires, de la MLC et de la méthode Mézières.
Mon bras droit douloureux, soigné l’année dernière vient au cours de ces heures d’exercice de retrouver une mobilité vers l’arrière qu’il avait perdue. Je suis à même de toucher mon omoplate gauche. Une liberté plus grande s’est mise en place. L’angle, de mes dorsales et de mes cervicales, a lui aussi pris de l’aisance. J’ai une allure plus fière, un port de tête plus droit et j’en suis joyeux. Je me suis ouvert un peu plus dans le torse.
Histoire banale que d’aucuns n’imaginent même pas mais « Ceux qui ne bougent pas, ne sentent pas leurs chaînes. » Mon histoire passée m’a figé dans le dos comme un porteur du poids du monde, du poids de deuil non fait, d’humiliations peut-être. Je me redresse et fais face. Je reprends des forces.
Pour préserver cette nouvelle forme, je me suis inscrit à un cours d’une heure semaine jusqu’à la fin de l’année et entraîné mon épouse. Elle devrait s’ouvrir, se libérer de ses maux perpétuels qu’entretien un médecin complaisant aveugle à la présence d’un deuil caché non fait qui se transmet dans la lignée des mères. Malgré toutes ses tentatives de mieux-être, soutenues par de nombreuses séances de kiné et d’ostéopathie, elle ne progresse pas, se cabre devant la peine intérieure qui force à une reconnaissance. Si elle laisse passer une souffrance indicible, elle sera submergée croit -elle d’où son raidissement, ses tremblements de tête qui dise « Non, non » de gauche à droite. La vague noire qui avait submergé l’aîné l’année dernière s’est réveillée. Des signaux négatifs lui sont parvenus et comme mère, elle en souffre et se met à son diapason. Par sa résistance, par le raidissement à ce qui est en elle, ne retarde-t-elle pas la guérison de sa fille.
Cette souffrance ne leur appartient pas. C’est une valise du passé remplie par un arrière-grand-mère, enfant de remplacement, qui a vu mourir sa fille, sa grand-mère.

De mon côté, il y a un scénario de ce genre. Ma grand-mère paternelle a vu mourir son homme et ses fils sans larmes. Intérieurement pour encastrer ses deuils, elle avait fermé le haut de son dos et était devenue la petite Laure. Quel caractère ne fallait-il pas avoir pour retenir ses larmes, bien naturelles et compréhensibles.
Et moi qui choisis pour ma fille, un prénom semblable à cette grand-mère comme pour rejouer ce drame à résoudre. Comme exutoire à cette souffrance innomée, à ce deuil non exprimé inconsciemment, mon épouse avait pris un bénévolat pour accompagner des familles, qui le demandaient, dans leur deuil. Depuis un mois elle est démissionnaire, elle s’est dédite. L’énergie canalisée dans cette activité, les larmes versées avec les autres, pour les autres ne sont plus accessibles et les siennes font de plus en plus pression sur elle. Elle devient irritable s’emballe pour un rien fait feu de tout bois pour atténuer la tension qu’elle sent monter en elle et chez sa fille.