
Bourdonnement, à cette heure, à cet endroit ? Curieux ? Interrogation ? Ce n’est pas une approche vrombissante, un bolide ailé qui traverse la terrasse. Le bruit domine l’espace tranquille du jardin, les chants de quelques oiseaux, le pépillement discret des oiseaux habituels. Ca bourdonne. Le nichoir de l’appenti est devenu caisse de résonnance pour un concert monotone de cette fin d’après-midi ensoleillée. Moi qui croyais celui-ci occupé par un couple de mésange. J’ai tout faux.
C’est le palais d’un bourdon, je le vois qu’il s’accroche sur le bord de l’orifice dans la pénombre faite par le petit toit en alu qui protège l’objet. Une petite colonie est en gestation sans doute, là, sous la paroi réchauffée par ce soleil inhabituel d’une saison qui déraille en mode d’été alors que nous ne sommes que début mai. Le concierge ventile, l’espace intérieur. Vaillamment, du moins je l’imagine car cet effort se traduit en ce son inhabituel, curieux.
Pour mémoriser ce petit spectacle champêtre, pour distraire mes petits enfants confinés, j’enregistre le son et le partage par l’internet. Pour leur fringale, que j’imagine, j’offre un prix, une récompense de 20 EUR à celui qui me donnera la définition du bruit, un contexte, une réponse. C’est un flop, une seule réponse. C’est ringard peut-être, loin de leur intérêt pour ces tablettes, Gsms et consoles diverses, pour ces chansons bruyantes qui me casse les oreilles, qui m’énervent de plus en plus par leur langue anglaise, ou leurs phrases, on ne peut plus pauvres noyées dans un tintamarre de sons stridents.
Le calme environnant de ce confinement exaspère encore cette impression. Une réponse qui m’est parvenue, désignant une abeille. C’est le plus jeune de mes petits-fils. Il s’approche du sujet mais ne le dévoile pas. L’intérêt global est nul autant le dire.
Moi qui suis en admiration devant ce concierge ventilateur, qui compatit à sa peine pour assurer le confort de ceux qui sont sans doute en train de grandir dans ce petit nichoir. Combien sont-ils ? C’est vu l’espace disponible, une petite colonie. Aucune idée plus précise, il faudrait une paroi vitrée coté bois pour admirer l’intérieur de l’abri. Etre ethnologue et averti du peuple des ailés, avoir construit un savoir.
Dans le petit jeu de carte de la région, SPW/Edition, « Découvrir les abeilles », un chapitre pour les bourdons car c’est sûr ce n’est pas de la classe des abeilles mais dans celles des bombus ; pratorum, terrestris, lapidarius, hortorum que se trouve la bonne réponse. Mais il ne fait pas la pause pour mon observation, je dois me contenter d’imprécisions, de suppositions. Je le baptise terrestris-terrestre.
Sont-ils confinés dans leur appartement par solidarité avec cet étrange temps qui plonge la société dans une torpeur stupéfiante. Petit intermède et regard sur la vie millénaire qui se poursuit indifférente à mes préoccupations dans ce val qui m’abrite.
Nature qui résiste à la folie chimique de l’agriculture intensive, pour combien de temps encore. Petit moment de joie, pensées pour cette nature qui poursuit son cheminement, sa survie, envers et contre tout, immuable, éternelle.