L’’idée de cette participation, à ce type d’activité, venait de mon épouse. Elle voulait un changement dans la vie quotidienne. Prendre l’air, hors de cette ambiance morose, dans laquelle le COVID et l’âge, nous avait poussé. Était-ce du jeunisme, une envie profonde de continuer nos activités comme si de rien n’était ?
Au fond, se risquer, à une matinée de travail personnel, d’affrontement de nos valises familiales quotidiennes. Je n’avais pas dit « Non », malgré un frein sérieux. Y avait-il, encore à notre âge, un intérêt à vouloir se changer, faire des découvertes, alors qu’on n’a plus rien à apprendre à nos enfants ? N’étions-nous pas figé par le temps, dans nos petites habitudes ?
Le souvenir d’une session personnelle de constellation familiale selon Bert Hellinger, faîte quelques années plus tôt, était toujours dans ma mémoire, et ses résultats inscrits, de manière indélébile, dans mon comportement. Alors pourquoi ne pas prendre ce risque ? Faire un bout de chemin autre, dans cette session organisée à un peu de distance, sur une matinée.
Le groupe était limité. D’où seulement, deux constellations étaient prévues. Nous étions donc, inscrits comme représentants, comme acteur de soutien dans l’espace central où le thème des constellant(e)s se développent.
Dès l’entrée, à l’installation, pour faciliter l’audition d’une participante, j’avais cédé ma place et m’étais trouvé, plus à distance, en face de mon épouse et non plus à côté d’elle.
Surprise étonnante, la jeune dame qui se trouvait entre nous, se présenta comme « Laurence » se constellant pour clarifier ses projets concrets d’activités d’indépendantes. Étonnant retour du passé, notre fille décédée du même prénom, se trouvait symboliquement entre ses parents. Hasard ou synchronicité ?
La constellante avait traversé une dépression, n’arrivait pas à repartir, dans ses activités, se posait des questions, sur son avenir. Pour représenter le problème qu’elle traversait, elle me choisit. Je me trouvais ainsi dans son champ de travail. D’ascendance italienne, elle n’avait guère bénéficié du soutien de son père musicien, mais surtout de l’opposition de sa mère si bien que son avenir de chanteuse avait été cassé.
Le parallélisme avec les états d’âme de ma fille, les dernières années de sa vie, m’avait touché, et réveillé, au moins les émotions profondes, qui s’écoulaient doucement en larmes. Mon émotion était incontrôlable. Larmes qui sans doute n’avaient pas été livrées plus tôt vu une barrière, un barrage intérieur, ancien et incontrôlable.
De son côté mon épouse, invitée aussi par cette constellante, immédiatement après, n’avait pas accepté de jouer le rôle de sa mère.
Situation impossible, même symboliquement.
Un peu plus tard, notre constellante, nous a fait entendre un type de vocalise propre au chant Corse. Moment impressionnant exprimant ce qu’elle venait de découvrir quelques jours avant.
A la fin de cette première partie, je n’avais pu m’empêcher de penser à l’étonnement de ma plus jeune fille, face au fonctionnement familial, qu’une de ses nouvelles connaissances, italienne, lui il avait livré la semaine précédente. A savoir, la place forte et insupportable du plus âgé du clan, dans une gestion familiale qui régissait beaucoup d’aspects familiaux, jusqu’à l’acceptation ou pas de l’ami d’un petit-enfant, par la pression qu’il propageait, à sa manière, dans le quotidien familial.
Touché par son histoire, ses dons, je lui avais souhaité, à la fin de la matinée, à l’image de la colombe du grand tableau suspendu au-dessus d’un banc d’apparat, décoré de sculptures diverses, dans le local, de prendre son envol, dans ses projets futurs et surtout d’avoir la force des lions qui sur les bras du banc, symbolisaient par leur gueule grande ouverte, l’envie de se faire entendre.
N’est-ce pas logique maintenant en tant que représentant du problème du blocage qu’elle vivait, de lui souhaiter de voler, indépendante et forte, de ses propres ailes.
Là encore l’impression me vint qu’au fond en plus de ce prénom, de sa santé, par l’image renvoyée du lion, j’étais relié, à ma chère fille, dont le totem était « « Tigron »
Émotions encore face à ce symbole ravivé, mais surtout satisfaction d’avoir joué mon rôle de représentant du problème, pour aidé cette jeune dame à poursuivre sa vie, avec force et confiance et la voie qui était la sienne.