
Même
Lors d’un vagabondage sur la toile, en passant d’un site à l’autre, je m’étais arrêté sur un blog présentant, à son cercle d’amitié, une image floue montrant une rue bordée de hauts bâtiments, d’une tour, le tout éclairé par des luminaires. Décors menant à un parc, à l’orée de la nuit.
Une impression étrange flottait en moi. Cette image était le miroir de souvenirs épart de mes éveils, au cours des nuits hachées qui faisaient mon quotidien souvent. Périodes d’insomnies propres à me réveiller, l’esprit encore imprégnés d’images de chantiers, de paysages urbains en profondes transformation avec ruines et tranchées, déserts urbains.
Une évolution nette s’était mis en route, sans que j’y fasse apparemment quelque chose. Décors m’interrogeant sur leur finalité, sur leur périodicité. Impossible de les associer, de les mettre en relation avec ce quotidien qui s’égrène et qui me laisse rempli de questions sur leur sens.
Ah, si je pouvais rédiger des mémoires, me raconter l’histoire qui se déroule par devers moi dans cet univers qui ne m’appartient pas.
D’où viennent ces formes, ces scènes primitives loin des décors que je fréquente ou que j’ai fréquenté. Comme si j’étais branché sur un transpondeur qui me parle d’une histoire dont je ne suis qu’un des maillons. Et là maintenant sur ce blog cette image comme une métaphore de mes nuits.
Faut-il réagir, ne pas réagir, à l’invitation de la commenter.
Je n’appartiens pas à ce cercle d’habitués, à ces experts qui se positionnent, commentent, partagent.
Qu’ai-je à dire ?
Ne pas entrer dans la profondeur, dans le fil de leur histoire ou perturber une envie de proposer sans rien attendre, une réflexion. Sortir de ma réserve, d’oser, tenter un essai pour voir.
Ma décision est prise, j’envoie un mail vers « Photo et imagination » (*)
N’est-elle pas cette photo, à l’image de notre quotidien, avec tous ses concepts, ses catégories, ses projections, ses affirmations.
Que de constructions dans lesquelles chercher le sens, la lumière ou ne voir qu’ombres, obscurité, théories.
Idées naissantes ou souvenirs qui s’égaillent en pagaille.
Monde artificiel qui attire par ses feux semblants, les papillons qui ne savent où donner de l’aile.
Pourtant si je cherche une ressemblance, quelque chose qui me parle, j’y retrouve une version photo de « L’empire des lumières » de mon peintre préféré Magritte. Il n’y a pas la pureté des lignes, la sobriété du thème mais peut-on trouver en ville, la sérénité d’un tableau.
C’est au seuil de la nuit, dans l’agitation que l’émergence des points lumineux focalise notre attention.
Comme le petit Poucet, dans cette forêt de bâtiments, ces cailloux lumineux nous conduisent à plus d’intériorité, à la quête, à faire une activité extérieure encore ou à une introspection pour mettre la main, sur les trésors que notre inactivité, le repos de notre mental, laisse émerger.
C’est laisser le champ à notre construction intérieure, à notre individuation.
Une réponse inattendue et positive me parvient. A moi, d’introduire ce texte en bonne et due forme dans le code en usage sur de tels blogs via la fenêtre « Commentaires ».
Enhardi, je suis la proposition et devient partenaire de la proposition du jour.
Les réflexions ne vont pas tarder à se présenter, lentement me dit la bloggeuse quand le coma des vacances prendra fin.
Est-ce à cette démarche que je dois cette nuit presque blanche, à ce remue méninge qui me touche dans ma fragilité nasale. Mon épistaxis est de retour, puissant, sanguinolent.
Dans mon tréfonds, un remugle, d’une histoire impensée touchant ma source vitale ou stress simple et cohérent induit par la chaleur impossible de la nuit.
Nœud qui s’ajoute à l’enchainement des incidents, à la longue liste d’écoulements similaires, -mêmes- qui émaillent mes nuits calmes ou agitées.
Cohabitation d’évènements ne tombant pas dans un sens ou coïncidence troublante?