
L’éclairement du Maître-autel vu au printemps était revenu dans mes préoccupations et en ce Dimanche proche de l’équinoxe de l’Automne, je marchais d’un pas vif pour concrétiser en photos, le phénomène dans sa durée et son intensité. L’atmosphère qui m’entourait était fondamentalement différente, le confinement avait disparu, remplacé par de nombreuses règles qui s’essoufflaient de plus en plus. Mon œil était critique, plus concerné parle le coté rationnel de l’événement. J’étais moins touché par la nouveauté, moins surpris par la grâce qui m’était donnée. L’indifférence de l’un ou l’autre, à mon récit, me pesait et me renvoyait à mon isolement.Difficile ce saut quantique vers autre chose que la réalité quotidienne, les préoccupations terre -à- terre.
C’était pourtant pour moi, l’ouverture vers un autre aspect des choses, un pont vers la transcendance, vers ce qui est au-delà. Quitter le rationnel pour entrer dans le merveilleux, l’indicible qui apaise, qui affranchi de la réalité concrète, le temps d’oublier les difficultés du quotidien, et le virus latent tapis dans l’ombre.
La méditation à Villedieu, dans les alpes de Provence, guidée par un indou m’avait conduit dans un domaine apaisant, propice à calmer mon agitation mentale et cette course épuisante vers tout et rien. Ce temps différent m’emmenait dans une perception autre, celle d’avoir reçu le don de la vie, celui d’appartenir à une communauté qui s’appuyait sur le rocher qu’est le Christ. La prière, le premier du mardi du mois, en ce moment, le jour de la rentrée, prenait le relais et m’ouvrait le cœur, me poussait à bénir le créateur pour ses dons.
L’architecte qui avait organisé la restauration du lieu de culte en 1744, avait marqué la date par une brique de couleur sur le côté du transept. Il avait conçu ce chemin, de grande tradition, et il avait voulu dans le bâti, introduire une disposition récurrente, pour soutenir ou relancer chez les paroissiens, la méditation en l’appuyant sur la nature qui nous entoure.
Le Christ est la Lumière du Monde et par la Lumière dans cet église millénaire, il me conduisait à lui.
Les rayons lumineux du soleil à travers la troisième fenêtre, non bordée de pierre de taille, traçaient dans l’espace du chœur, un chemin lumineux pour nous conduire à lui, présent dans le tabernacle et dans la niche où l’ostensoir était jadis exposé. Dans cette heure de méditation de 15h à 16h, à l’heure d’été, la tâche faite par les rayons du soleil s’approchait de plus en plus de lui, et s’élevait, quittant le sol, pour aller sur la table de l’autel et dans la configuration actuelle, éclairer d’abord la main ouverte du Sacre-Cœur qui nous accueille, nous béni, pour terminer juste avant de disparaitre, sur le haut de la statue.
Le feuillage d’automne donnait à la lumière, une oscillation lente, comme une volute de fumée d’encens qui s’estompe avant de s’apaiser et disparaitre. A la fin de leur parcours, les rayons lumineux du soleil étaient arrêtés par la faitière du transept et le chœur retombait dans la pénombre.
Cette prière silencieuse, lumineuse, n’avait de sens que dans la durée, dans le temps de pause que le fidèle s’accorde loin de son agitation, pour reprendre la force d’être accueillant et ouvert dans sa communauté. Cette méditation allait plus loin que la pleine conscience, méditation sans objet qui se diffuse autour de nous, selon les principes de marketing anglo-saxons.
Réinventer le monde sans doute mais en jetant les outils anciens, en oubliant les nôtres gracieusement à notre disposition. Silence qui dit tout ce qui est à dire.
Calme qui chante la sobriété. Invitation à la fidélité, à la prière qui recentre sur lui, depuis des générations, depuis 1744 au moins.