A la collégiale de Halle.

Pour occuper mon délai d’attente dans cette ville inconnue, j’avais poussé la porte de la collégiale dédiée à Notre-Dame. Une envie de prier, de méditer s’était installée en moi et je voulais profiter du calme, de la sérénité d’un tel endroit.
A peine assis sur une chaise couverte de skaï brun sale, je fus assailli par la lumière provenant des larges baies fermées par des vitraux ternes et brunâtres qui ne donnaient qu’une ambiance triste, pesante. L’espace était rempli des bruits d’une conversation sans fin de femmes, là derrière le chœur. Tout troublait mon souhait de calme. Puis ce fut le bruit d’une foreuse et celui du trafic qui comblait les temps de calme laissés par ces dames.

J’essayais de faire le vide autour de moi, de prier, de trouver la paix. Je changeais de place pour trouver le calme et m’asseyais à gauche derrière une colonne face au chœur. Le va et vient des fidèles qui venaient nombreux faire leur dévotion, acheter, allumer leurs bougies me gênait.
Hommes, femmes, couples se succédaient à un rythme que je n’aurais jamais imaginés. Je m’étais vu dans un océan de calme, de paix et je baignais dans le mouvement et le bruit.
Je priais peu, mal, fermant les yeux, bougeant les mains, les pieds. Mon portefeuille placé dans la poche révolver me génait aussi, je me levais pour le retirer et me rassis.
Surprise, je perçevais dans mon bassin, là immédiatement, en moi un deuxième mode d’assise. Mon bassin s’était dans l’instant ouvert à une autre position.
D’une part, la position de repli, bassin tourné vers l’intérieur, d’autre part celle d’ouverture, bassin basculant vers l’avant, vers l’extérieur? J’avais un siège à deux positions, c’était mécanique. Bassin ouvert, bassin fermé. Un champ autre de perception s’était ouvert. Sur ma chaise, je passais de l’un à l’autre exprimant ces deux états nouveaux pour moi. J’étais descendu dans mes sensations corporelles jusqu’au derrière.
Moi qui vivait surtout la position retrait comme dans la perception de l’estomac à bretelles. Sans nul doute, c’était un exercice de respiration ou d’essai de bioénergie selon la méthode de Lowen qui m’avait conduit ce matin, dans cette église, à ce feeling corporel ? Cette sensation perçue a hauteur du bassin ne venait pas gratuitement, comme cela, c’était un point de cheminement, des quelques séances de réflexologie et de re-birth, de bioénergie.

En repartant en voiture, j’expérimentais cette sensation nouvelle de basculer mon bassin vers l’avant, d’ouvrir cette partie de moi que j’avais sans doute refermé, il y a longtemps ou même que je n’avais peut être jamais ouvert. Je m’ouvrais à la vie, une énergie semblait s’attaquer à mon environnement pour y participer plus.
A la description de ces sensations, je ne peux m’empêcher de faire la connexion avec la tension que je perçois en moi lors d’un entretien de présentation. C’était une tentation de gros dos pour laisser passer l’orage, la déception pour me protéger comme quand je remonte mon estomac. Si le haut et le bas se fermait comme cela, ce serait une tenaille, une coquille, une boucle. Je m’enfermais dans ma coquille, haut et bas du corps, en fœtus.

J’étais une bulle, j’étais quelqu’un de renfermé sur lui-même, un caractère fermé par le corps ou vice versa. J’avais somatisé mon psychologique, j’en prenais conscience dans ce travail intérieur. Si je savais m’ouvrir psychologiquement, je pouvais le faire corporellement. N’était-ce pas ici qu’il fallait faire le parallélisme avec ma tendance en nageant à fermer mon bassin et à mal flotter, les jambes pendantes dans l’eau.

Schématiquement les tensions se manifestaient les unes après les autres et justifiaient mon passé corporel, mes attitudes passées, je pouvais à présent comprendre, sentir qu’à la limite de la reconnaissance de ces tensions, il y a l’adage connu et intellectualisé d’un esprit sain dans un corps sain.