Elle était relativement neuve cette sensation. La première fois que j’en avais pris conscience, c’était lors d’un jeu de balancement. Sans trop savoir pourquoi je faisais aller mon corps d’avant en arrière, me balançant sans doute au rythme de la musique. Imperceptiblement lentement, je cherchais la position d’équilibre celle du pendule dont l’oscillation s’arrête lentement. J’avais aussi en tête, l’image de la petite tirelire de mon enfance qui lorsqu’on glissait une pièce faisait osciller sa tête, quelques secondes en remerciement.
À ce mouvement conscient, volontaire succéda un blanc, moment d’immobilité ou une nouvelle sensation apparu indépendante de ma volonté. Il y avait comme une flamme en moi partant des sacrés montant dans une sinusoïde immatérielle vers le haut du corps. J’observais l’événement à l’intérieur de mon corps.
Ce mouvement doux, lent immatériel semblait comme limité à hauteur de la ceinture. Le reste du corps n’y était pas associé. L’oscillation douce de gauche à droite semblait indépendante de l’environnement extérieur rempli par la musique et le chant choral, par la méditation aussi pendant l’office de onze heure.
La dernière retraite charismatique avait libéré des émotions au niveau du plexus donné plus de liberté, supprimé certaines tensions. Maintenant la vibration jadis découverte montait plus haut, jusqu’à hauteur des épaules apportant la douceur d’un massage intérieur profond. Un peu d’angoisse de ma part traînait, m’empêchant de laisser le mouvement se développer en dehors de mon contrôle. J’étais sur un chemin inconnu, sans appui intellectuel, dans un autre monde.
Octobre 92 F38