Sinusite quand tu nous tiens.

La sinusite maxillaire de la dernière envahissait notre espace familial. Vu sa difficulté a respirer par le nez, elle faisait des efforts bruyants excessifs pour que l’air coule dans son système respiratoire. Les médicaments aidaient peu, ne solutionnaient pas le problème et ses maux s’éternisaient. Que faire pour vraiment et définitivement la sortir de cette difficulté.

Par la médication sans doute mais ne fallait-il pas aussi aller plus loin, frapper plus juste en ne mettant pas tous nos espoirs dans une molécule médicamenteuse.

D’ailleurs, elle n’était pas seule à souffrir du nez. Sa mère avait la « pole » position, le pompon pour les difficultés nasales. Chaque nuit depuis que je la connaissais, elle devait vu sa rhinite permanente, à l’aide d’un spray ou de gouttes débloquer la situation inconfortable qui l’empêchait de respirer à l’aise. En moyenne, une fois par semaine, j’étais d’ailleurs réveillé par les bruits accompagnant la manoeuvre de réouverture du sillon nasal.

A mon tour pendant des années dès mon adolescence, j’avais du effectuer traitement sur traitement pour essayer d’arrêter ce nez qui n’en finissait pas de couler dans ma gorge et que de manière disgracieuse, j’étais obliger de vider par un crachat honteux dans un mouchoir ou derrière un arbre. Aucune poudre magique n’avait mis fin à cette éternelle source d’ennui et d’étonnement pour ceux qui entendaient l’effort nécessaire pour récurer ma voie nasale par le fond de la gorge.

Etait-ce une simple histoire de pollen, de poussières, d’acariens. Mystère, hypothèse, une affaire d’hérédité. Sans doute. mais qu’elle hérédité, pour quel sens des choses. Physiquement s’en tenir aux microbes, aux agents extérieurs me semblait une hypothèse réductrice.

Pourquoi ne pas examiner la piste du vieux chagrin, caché, tapis dans l’ombre du passé et qui cherchait avec persistance à être reconnu, a émerger de sa quarantaine par tous les moyens, par ce moyen. N’est ce pas d’ailleurs un symptôme typique d’un chagrin profondément vécu que d’entraîner un vif encombrement  qui bouche le nez. N’est ce pas bien connu qu’il trinque dans ces circonstances  de deuil, et qu’il réclame la présence d’un mouchoir, si possible accueillant.

Piste improbable, impossible peut-être dans l’esprit du commun des mortels, de la faculté. Réductionnisme, mécanisme. Pourtant cette piste ne serait-elle pas la piste de la guérison.

Mon nez s’était tari lui aussi un jour lorsque bien après mon mariage, j’ai accepté de me livrer à mes sentiments, pour laisser sortir ce qui devait sortir. Ne devait-elle pas elle aussi, à chaudes larmes vider ses tristesses, accumulées quelque part pour quelqu’un ou quelque chose qui lui était cher.

Cette sinusite avait débuter à la Toussaint, à partir du moment où une énorme boule de petites fleurs de chrysanthème, avaient été introduite dans le living. L’idée que celle-ci était la cause du problème semblait partagée par la famille. Ne fallait-il pas alors suivre la piste non pas de l’objet mais du symbole de l’ objet. Fleurs d’accompagnement des morts, source de tristesse pour elle. Ces pomponnettes n’étaient pour moi que l’expression d’une beauté intrinsèque, explosante de jubilation, d’une beauté neuve. Ces fleurs nouvelles sur le marché ne portait pas la tristesse symbolisée par les boules blanches des traditionnels ornement des cimetières de mon enfance.

Les symboles de mon passé, affrontaient son présent. Comment séparer ses émotions des miennes, comment lui faire exprimer ses émotions personnelles dans cette période sensible où chacun doit affronter ses douleurs personnelles pour ses chères relations.

Etait-ce possible de parler de ces profondeurs, de ses peines enfouies pour les libérer alors que l’exemple de sa mère lui disait de ne pas se laisser aller en aucune manière à l’expression de ses émotions. N’aide t-elle pas ainsi par contagion erronée à sa mère, éviter d’ affronter ses pleurs profonds.

Bien sur après l’ambiance de la Toussaint, les émotions se feront moins vives et les médicaments aidant l’on retournera à la position d’équilibre, jusqu’au prochain deuil, jusqu’à la prochaine perte.

Dire sa peine profonde n’est pas encore la liberté entière de notre milieu familial, si le père s’en tire ne faut-il pas encore protéger la mère et suivre l’exemple des tantes.

G43-1/96

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