Séance de Kinésiologie.

Au début de cette nouvelle séance de recherche personnelle, une impression de tristesse s’était glissée dans mon humeur et ma voix se portait en témoin de cette émotion. Ma respiration laissa transparaître comme de temps à autre, ouvertement un sanglot tout à fait particulier. Une parenthèse vite maîtrisée et l’émotion disparut tout en laissant une trace auditive dans ma mémoire.

Après un échange verbal, suivant sa technique, je fus embarqué dans une régression dans le temps pour passer après un arrêt à 33 ans. A l’énoncé de la période d’age, ma thérapeute recherchait dans mes tensions musculaires les raideurs ou les influx nerveux qui pouvait signifier un point de raidissement et un événement douloureux

Les événements qui s’étaient passés à cet age là me semblaient tout à fait inaccessibles et j’essayais vainement de retrouver un fait marquant de cette période sans trop y arriver d’ailleurs, ni par l’age des enfants, ni par le boulot. Aucun événement ne perçait le voile recouvrant mes souvenirs. N’était-ce pas mon premier lumbago qui s’affichait ainsi comme événement marquant.

L’hypothèse était plausible sans cela être déterminante et je laissais faute de mieux voguer mon imagination sur cette idée acceptable.

Ce bref arrêt sur le palier du temps, se poursuivit cette fois vu l’épuisement du sujet par une nouvelle plongée qui cette fois se situa vers l’age de 7 ans. Quel était l’événement. L’école primaire, en deuxième année. Oui c’était la date de mon changement d’école pour l’entrée à l’école des garçons dans la classe unique du village avec un instituteur dont la taille me semblait celle d’un géant. Le temps passé, des faits, de cette époque, rien n’évoquait un événement important. Pour accrocher l’un ou l’autre souvenir, je répétais plusieurs fois non pas mon age, mais l’année de l’événement, 1951, 1951 pour tester une autre approche .Que s’était-il passé en 1951. Ce passage par le millésime me raccrocha immédiatement à mes recherche généalogique et à la date du décès de ma grand-mère maternelle. et à la tristesse qui avait certainement été vécue par ma mère. Était-ce le but de cette glissade dans le temps.

Sa mort me renvoyait à la tristesse de ma mère que j’avais ressentie à la vue de la peinture de Magritte reprenant la silhouette d’une femme statue, habillée d’un manteau et exprimant me semblait-il comme le confirmait ma soeur la tristesse de maman.

Un spasme régulier, de deux à trois centimètres se marquait exactement à l’endroit d’où partait mon lumbago.

C’était comme si les deux dates prenaient sens, l’une pour introduire le mal de dos et l’autre la source du mal, du mal être que je portais depuis si longtemps.

Tristesse d’un enfant partageant la douleur de sa mère, la portant sur ses épaules dans une sympathie fusionnelle, comme un cordon ombilical de tristesse me reliant à elle, alors qu’a cet age j’aurais du être l’enfant joyeux, sans soucis rempli de joie. « Tristounet ». le mot qui avait résonné à mes oreilles un jour par surprise, dit j’en suis sur par la cousine Suzanne venant visiter ma mère prenait son sens. Ma tristesse était aussi celle de ma mère.

La séance se terminait par une recherche d’image positive, d’un enfant de cet age profitant de la fête  pour se laisser entraîner  dans la ronde joyeuse du carrousel villageois. Fête de mon enfance qui ont été noyée dans un fond de tristesse, fête qui ne pouvaient se vivre dans la liberté et l’enthousiasme.

Tristesse que je portais par symbiose et qui expliquait tout un ensemble de vécus ultérieurs. Blocage de l’insouciance pour participer à la tristesse latente que je voyais sur son visage, que je ressentais dans ses humeurs, dans son non dit. Présence la plus fréquente pour faire plaisir et faire disparaître la trace de ses yeux en larmes.

Le spasme à la hauteur du coccyx se poursuivait comme un métronome, avec sa pulsion régulière d’un minuscule coeur battant à l’unisson.

Le calme qui suivit cette séance me conduisit a l’association de mon sanglot du début et du sanglot de ma mère. Nous avions c’est sûr le même sanglot. Par mimétisme, pour marquer mon lien, mon soutien à sa peine,  j’avais copié son appel muet couvert de tristesse remplaçant les mots non-dit, non pleuré, enfermant l’émotion.

Le puzzle de cette émotion était en place, cet age, ce lumbago hérité d’une charge trop lourde pour mes épaules d’enfant, sa tristesse, la mienne aussi sans doute tout tournait autour de cette peine non-dite.

Toute la tristesse du monde était sur mes épaules , sa tristesse la mienne aussi sans doute à propos d’une mort qui me dépassait, douleur qu’il faut cacher, douleur pesante, douleur puissante, douleur à rendre, consolation à prendre. Joie de dire, joie à partager.

G29

2 réflexions sur “Séance de Kinésiologie.

  1. Merci pour ce témoignage. Il est intéressant de noter que pour notre cerveau le temps n’existe pas. Un évènement survenu il y a 5 minutes à le même poid émotionnel qu’un évènement survenu il y a 20 ans…

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