Energie vitale ou Chi.

DSCF5449En station debout pendant la messe de 11h00, mon attention à l’office s’était relâchée et comme je l’avais déjà fait plusieurs fois, j’essayais de détendre les muscles des jambes de manière à ce que les articulations des genoux soient souples, détendues. Puis explorant mon corps, je recherchais les tensions dans mon ventre, le long des muscles fessiers pour les reconnaître et les relâcher.

Pendant que l’assemblée attentive poursuivait ses dévotions, je m’étais tout à fait séparé de l’ambiance pour m’intérioriser dans cet exercice totalement incongru.

Jeux, jeux d’inattention, mon corps se faisait de plus en plus perméable aux vibrations sonores qui remplissaient l’espace, il suivait un rythme, celui de la musique peut-être mon rythme propre qui sait.

Physiquement j’étais là, avec ma famille, devant ma chaise, en voyage, l’esprit ailleurs.

Puis soudainement, je me surpris en train de vibrer à l’intérieur. En un mouvement alterné de gauche à droite, une onde partant des pieds se mit en route vers le haut de mon corps en s’amplifiant parallèlement à la colonne vertébrale jusqu’à mi-hauteur du corps.

Mon observateur intérieur prenait conscience de cette vibration, avec étonnement et interrogation car rien de semblable n’avait avant jamais été perçu.

Un événement neuf me touchait, m’animait, commençait à vivre en moi.

Intellectuellement, je pressentais sa signification, son sens peut-être.

N’était-ce pas le serpent de la vie, celui que l’on trouve dans le symbole du caducée ? Le parallélisme entre l’image et la vibration qui faisait sa route me plaisait. Le serpent était entré en moi, il vivait caché et venait aviver les perceptions de mon corps. Logé dans sa tanière au bas du corps, selon la tradition indoue, ce serpent s’animait non seulement avec la musique de Mozart dans le ventre, mais il était maintenant alors que j’étais debout en train de se faire connaître dans un autre de ses aspects.

Etait-ce le serpent apparu dans mon rêve, il y a quelques mois et dont je coupais la tête.? Etait-ce le même symbole dans son expression, la matérialisation du mouvement ?

Un dynamisme certain avait pris racine dans mon corps, dans mes lombaires, et tendait de s’exprimer dans ma vie.

Depuis ce moment-là, une poussée de vie intérieure, une pression d’une force qui m’était inconnue tentait de s’élever en moi, de redresser le haut de mon corps, de me faire dresser la tète fièrement, plus fièrement que jamais. L’énergie libérée par l’ouverture du bassin alimentait, nourrissait ce serpent qui voulait monter comme sur l’image du caducée, vers le haut vers sa position extrême.

Etait-ce la mise en place dans mon théâtre intérieur, de l’énergie appelée Kundalini et de ses points de passage nommés les chakras ou celle du Tai-Chi nommée Chi ? En poursuivant la réflexion au sujet de cet événement, de la manière dont il s’était exprimé et par rapport à ce que j’en avais perçu il me semblait qu’ un obstacle existait encore le long du trajet que constituait ma colonne.

Le haut de mon corps, avait comme un courbure vers l’avant, une sorte de bosse qui par sa présence perturbait le trajet de cette énergie montante et la calait à hauteur d’un point douloureux à la moitié des vertèbres dorsales.

Après l’ouverture du bassin, j’étais questionné au sujet de l’ouverture du deuxième axe fondamental de ma coquille, les épaules. Un travail était nécessaire dans le haut du corps.

S’ouvrir ou souffrir.

Bulles5261Onomatopée presque, jeux de mots peut-être ! Syllabes proches qui sonnent « même » à une oreille inattentive. Univers différents, incompatibles et pourtant liés. Univers identifiés, univers identifiables. Alternance qui me parle et qui fut mienne. Equation à deux inconnues profondément liées que je découvre, pas plus tard que la semaine dernière.
Pour récupérer ma souplesse et soigner les attaches du bras droit (Sus-épineux) qui me font régulièrement souffrir, pour repartir du bon pied pour une nouvelle année, je bouge. Sur les conseils de ma plus jeune sœur, je me suis inscrit à dix séances de gymnastique douce. Mais alors douce, la plupart du temps,les participants sont couchés sur un tapis de sol et ils étirent les muscles selon la théorie des chaînes musculaires, de la MLC et de la méthode Mézières.
Mon bras droit douloureux, soigné l’année dernière vient au cours de ces heures d’exercice de retrouver une mobilité vers l’arrière qu’il avait perdue. Je suis à même de toucher mon omoplate gauche. Une liberté plus grande s’est mise en place. L’angle, de mes dorsales et de mes cervicales, a lui aussi pris de l’aisance. J’ai une allure plus fière, un port de tête plus droit et j’en suis joyeux. Je me suis ouvert un peu plus dans le torse.
Histoire banale que d’aucuns n’imaginent même pas mais « Ceux qui ne bougent pas, ne sentent pas leurs chaînes. » Mon histoire passée m’a figé dans le dos comme un porteur du poids du monde, du poids de deuil non fait, d’humiliations peut-être. Je me redresse et fais face. Je reprends des forces.
Pour préserver cette nouvelle forme, je me suis inscrit à un cours d’une heure semaine jusqu’à la fin de l’année et entraîné mon épouse. Elle devrait s’ouvrir, se libérer de ses maux perpétuels qu’entretien un médecin complaisant aveugle à la présence d’un deuil caché non fait qui se transmet dans la lignée des mères. Malgré toutes ses tentatives de mieux-être, soutenues par de nombreuses séances de kiné et d’ostéopathie, elle ne progresse pas, se cabre devant la peine intérieure qui force à une reconnaissance. Si elle laisse passer une souffrance indicible, elle sera submergée croit -elle d’où son raidissement, ses tremblements de tête qui dise « Non, non » de gauche à droite. La vague noire qui avait submergé l’aîné l’année dernière s’est réveillée. Des signaux négatifs lui sont parvenus et comme mère, elle en souffre et se met à son diapason. Par sa résistance, par le raidissement à ce qui est en elle, ne retarde-t-elle pas la guérison de sa fille.
Cette souffrance ne leur appartient pas. C’est une valise du passé remplie par un arrière-grand-mère, enfant de remplacement, qui a vu mourir sa fille, sa grand-mère.

De mon côté, il y a un scénario de ce genre. Ma grand-mère paternelle a vu mourir son homme et ses fils sans larmes. Intérieurement pour encastrer ses deuils, elle avait fermé le haut de son dos et était devenue la petite Laure. Quel caractère ne fallait-il pas avoir pour retenir ses larmes, bien naturelles et compréhensibles.
Et moi qui choisis pour ma fille, un prénom semblable à cette grand-mère comme pour rejouer ce drame à résoudre. Comme exutoire à cette souffrance innomée, à ce deuil non exprimé inconsciemment, mon épouse avait pris un bénévolat pour accompagner des familles, qui le demandaient, dans leur deuil. Depuis un mois elle est démissionnaire, elle s’est dédite. L’énergie canalisée dans cette activité, les larmes versées avec les autres, pour les autres ne sont plus accessibles et les siennes font de plus en plus pression sur elle. Elle devient irritable s’emballe pour un rien fait feu de tout bois pour atténuer la tension qu’elle sent monter en elle et chez sa fille.

Corps qui se libère.

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Corps inconnu, support de la vie, de ma vie. Je te découvre au travers de mes expériences des dernières années. Sensations subtiles, nouvelles qui percent le brouillard, l’ignorance de la vie quotidienne. Chemin de libération parcouru lentement au gré des rencontres qui ouvrent les unes après les autres des parcelles de connaissances. Chemin inconnu qui part de la tête et qui descend de plus en plus bas, de plus en plus loin en un va et vient libérateur, en une perception de plus en plus précieuse des tensions qui l’habitent et qui semblent exprimer retrait, révolte et soumission.
Observateur neutre, réfugié dans un coin de la conscience qui enregistre sans jugement le nouveau, l’insolite, le curieux pour le confronter, l’analyser, le transformer. Guidance mystérieuse qui oeuvre pour le bien de celui qui lui fait confiance et qui offre depuis trois ans des faits nouveaux, révélateur d’un cheminement souvent confirmé dans des textes et des livres.
Danse du ventre ou le ventre n’occupe pas sa place et qui révèle les tensions tirant celui-ci vers le haut.
Estomac comprimé par l’angoisse et la peur qui bloque la digestion et gonfle la poitrine. Bassin bloqué en position fermée qui empêche depuis longtemps l’ouverture à la vie. Bassin qui bascule vers l’avant et qui s’ouvre dans la joie de la délivrance. Position de foetus qui s’ouvre de plus en plus pour accueillir le monde et qui décharge enfin les lombaires du poids du monde. Épaules relevées qui essayent sans fin de quitter la perception du sol, de protéger des agressions passées du monde et qui ferme aussi en position foetale mon corps d’adultes.
Corps fermé comme une pince, corps qui reste dans sa coquille et qui ne vit pas la vie joyeuse et souple de l’ être fluide et lumineux.
Tension pesante qui ferme tous les muscles du corps dans un effort ancien de protection, de repli.
Tensions qui ankylosent un corps sans vigueur, épuisé par un travail permanent de peur qui bloque dans l’oeuf les courants de la vie. Lutte du bas, du haut pour s’ouvrir, se dresser pour faire face à la vie dans un mouvement d’accueil dans un mouvement de joie.
Lutte du bien et du mal qui prolonge un combat dont la raison ancienne se perd dans le brouillard du temps passé.

Etre en devenir, en individuation.