Au fur et à mesure où les mots s’inscrivaient sur la feuille blanche, les larmes s’écoulaient, de plus en plus fort le long de mes joues. Une émotion inconnue se vidait par celles -ci. Un abcès profond venait de trouver le chemin de son expression.Les mots destinés à Anne-Marie, une amie très proche, pour lui marquer mon amitié après son hospitalisation due à une tentative de suicide, s’étaient associés les uns aux autres pour lui proposer, si elle acceptait d’être, symboliquement, ma soeur Marie-Paule.
Cette proposition, cette marque d’amitié pour lier celle-ci à la vie, avait ouvert les vannes, du flot des larmes, celles qui n’avaient jamais été versées.
Ce petit bout fragile dans sa couveuse, était disparu de notre univers à la clinique de mon pays d’origine, celle qui avait été dans sa vie si courte à mon adolescence, à mes 16 ans, le cinquième enfant de la famille. Face à cette mort injuste, soeur de mon coeur, brève rencontre du passé, petite-fille, petite sœur, j’étais resté muet, insensible et la famille avait sans cérémonie d’adieu, tourné la page.
Tu avais inscrit au fer rouge, la douleur dans mon cœur, inscris dans mon être en mai l’indicible et si longtemps après avec tant de vigueur, les larmes apparaissent dans cette ambiance tragique qui bouscule, une amitié forte, un lien presque familial avec cette collègue de travail.
« Qu’est-ce que je pleure? »
Est-ce que je pleure aussi la perte profonde d’une soeur vaginale. N’est-ce pas là qu’est le sens de mes émotions face à l’émission de télévision, « Le bébé est une personne » et les mots de l’enfant vers une image « bébé mort ». .
Symbole qui résonne et sens profond pour moi.
N’est-ce pas là mon envie de signer, une lettre à la première fille qui est entrée dans ma vie par deux petits bonhommes en tête-bêche accolé curieusement à mon prénom.
Mémoires qui interpellent. Mystère du passé
Larmes qui s’évanouissent. Temps effacé.