Après le congé de la semaine dernière, la cession de MLC reprenait et je me dépêchai pour rejoindre la salle d’exercices. Ce mois-ci, le rythme des sessions était régulier avant la période des grandes vacances.
« Tiens aujourd’hui, le programme semble différent. » En effet, dans le matériel nécessaire, une balle dite magique devait y être inclue. De la taille d’une pièce de deux euros, elle présentait en son milieu un décor particulier. J’étais tombé sur la tortue. Une participante en mal de vue, me demanda le décor de la sienne. Il ne faisait pas partie de mon champ de connaissances ; l’univers des Mangas. Et qu’importe, je lui préférais l’image de la tortue.
Ustensiles de torture, peut-être car sa rigidité pouvait entraîner des douleurs à l’endroit où l’animatrice nous demanderait de l’installer.
Étais-je plus détendu qu’à l’ordinaire ? Peut-être qui sait ? En tout cas l’ambiance du groupe était agréable. Nous étions couchés comme à l’habitude sur le sol et suivions les indications de la monitrice, d’abord pour le positionnement des accessoires divers, et puis étions entrainés dans les exercices du programme et des mouvements qui y correspondaient.
Le rythme du jour était lent, plus qu’à l’ordinaire. Plusieurs fois, je m’étais retrouvé face à une sensation inhabituelle, celle d’un calme profond où aucun bruit ne traversait la pièce. À l’extérieur, c’était aussi, vu la température ambiante, déjà élevée, le calme le plus complet. J’essayais de ne pas me laisser envahir par la tâche ingrate du jour qui m’attendait avec son cortège d’appels téléphoniques pour trouver de l’aide. Un combat entre être là et être en dehors à œuvrer sans résultats, dans les soucis, les peut-être, les si.
Difficile d’être là, à ressentir mon corps, ses tensions, ses ouvertures, ses blocages. Je me recentrais à plusieurs reprises sur ma respiration pour l’approfondir, la faire passer sur la hanche que l’on était en train de travailler, sur le bassin soutenu à ce moment de l’exercice par les balles de tennis. Bref, j’essayais d’oublier l’extérieur pour me concentrer, guidé par sa voix douce et régulière, dans l’exercice qui sollicitait maintenant mon trapèze à gauche, à coté de l’omoplate. La balle magique posée sous la jonction trapèze-omoplate ne me faisait pas mal malgré sa dureté, mon bras, dressé verticalement, tournait lentement pour assouplir l’épaule. Après le temps de l’exercice dupliqué du coté droit, pour l’équilibre, et le retour à la position sans accessoires, dos sur le tapis, un temps de présence au corps.
Pendant un temps où sa voix s’arrêta pour nous mettre face à nos sensations, je me laissais faire. Ce calme m’impressionnait, me laissait esseulé au milieu des autres, bien silencieux quand, pour une première fois, un mouvement nouveau se mit en route lentement. Le haut de mon corps s’animait d’un mouvement profond venant de l’intérieur comme un spasme, lent, puissant. Je l’observais avec étonnement constatant sa nature, son amplitude. Comme une respiration des muscles d’un mouvement de bascule sur l’axe des épaules d’avant, en arrière, une vague interne oscillait lentement. Mon torse se bombait naturellement. Mes clavicules, mes clés avaient dû s’ouvrir laissant un rythme primaire trouver son ampleur. J’étais spectateur, assistant à un mouvement surprenant.
Après de longues séances sans particularités, ternes ou plates, cette ouverture me renvoyait à un moment magique d’avant dans la même zone, mouvement orientée par rapport au port de la tête. (1)
Détente offerte donnée à celui qui se laisse porter par son thérapeute intérieur. Comme pour compléter le tableau, en guise de pousse-café, en fin de session pour la phase de réveil, je me lançais spontanément dans un balancement des jambes pliées, de gauche à droite en va-et-vient. Elles se mirent à trembler laissant l’énergie circuler, me surprenant aussi car depuis longtemps, j’attendais, je guettais ce type de mouvement spontané, signe d’un travail mieux fait, rémunérant.
Mystère du mouvement spontané qui agit à sa guise sur mon corps étendu quittant la relaxation pour reprendre le cours du temps d’activité qui m’attend.
Flash sur l’image de la balle magique reçue et qui montre la carapace d’une tortue. A présent avec ma nouvelle perception, elle me renvoie à ma carapace, à mon corset de muscles figés qui me tissent et dont le goût de liberté m’a été offert, à moi le gisant, en bombance.
Pourquoi ne pas reprendre la phrase de Christian Bobin rapportée par une participante trois semaines plus tôt et remémorée en fin de séance.
« L’étirement du chat est un livre de sagesse qui s’ouvre lentement à la bonne page » et en jouant avec les mots pour résumer l’ambiance de ma séance,
« L’ouverture musculaires est sagesse du corps qui s’ouvre lentement à la bonne plage. »
(1) Lien à cliquer vers le texte Gymnastique douce
oh merci pour ces mots… magiques eux aussi!quel plaisir de travailler avec toi!je te souhaite un beau weekendde temps en temps, arrête tout, ferme les yeux, et respire dans tes omoplates,sans rien attendre…bisousmyriam
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