L’atelier des rêves arrivait à sa fin et Anne l’animatrice, nous proposait pour nous détendre de la journée passée assis, quelques exercices de relaxation dont un s’appelait la danse du ventre. Il était question d’une tribu d’indiens, mais mon attention à ce moment, n’était plus assez fraîche, des éléments d’explications m’avaient échappés.
« Imaginez votre ventre comme une boule suspendue, par le haut à deux fils imaginaires, fixés à chaque épaule, reliées en bas par deux autres fils à la rotule de chacune de vos jambes. La boule est le centre et centre de votre corps. Elle tourne attachée à ses quatre points de fixation. Elle tourne en rotation courte, large, minimum, maximum. Elle monte et descend. Boule et corps ne font qu’un.
Avec toute ma bonne volonté, encouragé par les efforts des autres, j’essayais de mon coté de faire tourner mon ventre-boule, le plus adéquatement possible en suivant les directives de notre animatrice. Par son commentaire, elle lançait des idées dans les registres suivants.
« Votre corps relié à la terre par l’intermédiaire des pieds, posés à plat, franchement en contact avec elle. Le corps plongé dans l’air, les bras bougeant pour s’y fondre, s’y rattacher, s’y plonger. Les bras rattachent au ciel en un mouvement souple. »
« Votre boule, votre corps suit ce mouvement de haut en bas, du bas en haut, de la terre au ciel, du ciel vers la terre, de la terre-mère au ciel-père, libre entre les deux. »
Le corps vit, de l’un à l’autre. L’énergie circule en symbiose avec l’un, avec l’autre, les intégrant.
De sa voix douce, par ses images, ses encouragements, elle nous entraînait, m’entraînait dans un mouvement et un contexte nouveau pour moi. Mon corps gauche, lourd, raide, lent s’enrayait dans cette démarche. Ce bassin ne tournait pas rond, tournait mal, par saccade, irrégulièrement. C’était simple, limpide comme exercice et pourtant je buttais.
Quelque chose coinçait. La souplesse, l’énergie ne circulait pas bien, ne circulait plus, se bloquait entre mon ciel et ma terre. Je percevais à présent nettement le blocage de mon corps en exercice. Je m’étais lancé sans idée préconçue, et à présent un message me perçait la tête, créait une nouvelle donne, cherchait une reconnaissance.
J’étais en dehors de l’épure, mon centre, ma boule ne circulait pas sur son orbite, ne tournait pas rond, ni en rond, je n’occupais pas mon centre. Une perception très nette de déséquilibre s’inscrivait nettement. Mes attaches supérieures tiraient cette boule en moi, me déséquilibrait, me détachait de la terre, ma boule était collée en haut côté ciel, mon bassin n’était pas occupé. Les fils d’attache du haut de la boule, la tirait comme le feraient une paire de bretelles, vers le haut.
La journée prenait fin sur cette curieuse et nouvelle sensation.
Plusieurs jours durant, cette impression me collait à la peau, j’étais en recherche pour lui donné sens pour l’intégrer, pour en saisir les conséquences physiques sur mon corps. Les idées se succédaient dans ma tête pour se fixer de plus en plus précisément sous une image de tension, de pression. Ma boule comprimait mes poumons, limitait ma respiration, mon volume d’air, me faisait perdre ma portance à la nage.
Bien sur, n’était-ce pas pour cela que je ne pouvais nager, ni faire la planche vu mes poumons sans profondeur ?
Ma digestion était mauvaise, lente, vu la pression interne qui venait de prendre corps. Mon énergie vitale ne s’enracinait pas, était bloquée quelque part dans le bas du corps. De lumbago en lumbago, mon corps me disait la tension, la réserve, la peur de descendre dans mon tréfonds, dans mon corps à la rencontre de ce qui était la terre en moi.
Douleur présente, douleur gênante, pulsant régulièrement son avertissement.
Souffrance, indice d’un corps qui souffre, où l’énergie, la souplesse ne circule pas. Souffrance d’un corps coupé en bas, coupé de la terre-mère.
Frère et sœur souffrant du mal de dos, témoin d’un même héritage, mal héréditaire, mal comportemental, repris jour après jour du comportement parental. Peur de la terre, de la mère, des émotions de la mère.
Attitude face à la mère. Attitude face au père. Dualité, déséquilibre.